Nice, France, octobre 2021 – Quatorze projets européens que l’Efus mène ou auxquels il participe étaient représentés à la conférence Sécurité, Démocratie et Villes (Nice, 20-22 octobre) et ont apporté une contribution essentielle aux échanges, soit dans le cadre des ateliers thématiques et des sessions focus, soit par le biais de stands dédiés.
De plus, trois d’entre eux, récemment conclus, ont présenté leur publication finale, tandis que d’autres, toujours en cours, ont capitalisé sur la conférence pour y organiser leur réunion de coordination.
Leur forte présence à la conférence témoigne de l’ampleur des thématiques sur lesquelles l’Efus travaille et de leur importance pour les villes et régions européennes :
- la prévention et la lutte contre les discriminations de toute nature (projets LOUD, MATCH et SENTRY),
- la prévention et la lutte contre la polarisation et l’extrémisme violent (projets BRIDGE et INDEED),
- la protection des espaces publics (projets Secu4All et PACTESUR),
- les politiques de la vie nocturne (projets SHINE et ToNite),
- les outils et méthodologies d’analyse et de prévention de la délinquance et du sentiment d’insécurité (projets IcARUS, BeSecure FeelSecure et Cutting Crime Impact),
- la gestion de crise (projets ALARM et RiskPACC).
Précisons d’emblée que ces six thématiques sont loin d’être les seules sur lesquelles l’Efus travaille et que les débats à la conférence ont abordé bien d’autres sujets, en témoigne le fait qu’il y a eu 18 ateliers thématiques. Cependant, le fait qu’elles fassent l’objet d’autant de projets financés par l’Union européenne montre qu’elles sont considérées comme prioritaires par les institutions européennes et qu’elles ont une dimension à la fois locale et transnationale.
Prévention et lutte contre les discriminations
Dans le Manifeste Sécurité, Démocratie et Villes, qui va être actualisé sur la base des échanges qui ont eu lieu pendant la conférence à Nice, l’Efus recommande d’intégrer pleinement la prévention et la lutte contre les violences discriminatoires dans les stratégies de sécurité urbaine, et que les collectivités territoriales « jouent un rôle actif » dans cette lutte « en s’appuyant sur les cadres juridiques et politiques définis par les gouvernements européens et nationaux ». Il recommande également d’accroître la diversité dans les administrations locales et régionales et appelle à une meilleure coopération avec les services de justice et de police pour mieux prendre en charge les victimes.
« Si l’on y regarde de près, on voit que toute forme de violence vient des inégalités », Sonia Andolz, Directrice Générale, Département d’Administration de la Sécurité, Ministère de l’Intérieur – Gouvernement de Catalogne (Espagne)
Un atelier thématique a eu lieu sur ce thème pendant la conférence (voir le compte-rendu). Les intervenants ont notamment appelé les décideurs politiques et responsables de collectivités territoriales à fonder leurs politiques de sécurité sur les principes du respect des droits humains, de l’inclusion, de la dignité et de la diversité. Reconnaître ce qui constitue une violence discriminatoire et ses différentes formes est une première réponse. Il convient également d’élaborer et de mener des audits et des enquêtes de sécurité ciblés pour mieux comprendre les actes de violence discriminatoire.> Voir notre section thématique sur les violences discriminatoires pour plus d’informations et de ressources
Prévention et lutte contre la polarisation et l’extrémisme violent
Dans son Manifeste, l’Efus constate que « les collectivités territoriales sont stratégiquement bien placées pour mettre en œuvre des actions et mobiliser l’ensemble des acteurs locaux concernés » et appelle à une « approche préventive forte » face à la radicalisation, qui « menace la sécurité et la cohésion sociale ». Au nom de ses membres, l’Efus s’engage notamment à « inscrire nos politiques dans une approche garantissant les libertés individuelles afin d’éviter toute stigmatisation », à renforcer la coopération entre autorités locales européennes, et à « promouvoir la mobilisation de la société civile en reconnaissant son rôle clé pour renforcer la résilience ».
La polarisation est un phénomène sous-jacent qui est amplifié par les réseaux sociaux et qui préoccupe de plus en plus les collectivités territoriales, même si nombre d’entre elles ont du mal à le cerner et à le prévenir. L’atelier qui a eu lieu sur ce thème pendant la conférence a permis aux représentants et praticiens des collectivités d’échanger sur leurs politiques, difficultés et avancées en matière de prévention de la polarisation et de l’extrémisme. L’un des points relevés par la majorité des participants est la nécessité de lutter contre les inégalités et de renforcer la participation citoyenne et la transparence (voir le compte-rendu).
Gestion de la vie nocturne
Pour les collectivités territoriales, la vie nocturne est un domaine complexe à gérer parce que divers acteurs y contribuent mais aussi parce que, par définition, elle a lieu aux heures où la plupart des services publics sont fermés ou fonctionnent au ralenti. De nombreuses villes européennes font face à des enjeux majeurs de gestion de leur vie nocturne qu’elles doivent pacifier et réguler.
Elles doivent ainsi apporter une réponse globale, intégrée, multidisciplinaire et pragmatique qui articule santé, sécurité, gestion et partage de l’espace, mais aussi cohabitation entre les différents acteurs qui l’occupent (secteur festif, riverains, noctambules, etc.). Cette réponse doit être co-produite afin de prévenir les conflits d’usage qui apparaissent fréquemment pendant la nuit et de permettre à tous les publics de s’approprier le temps de la nuit selon leurs besoins.
Un atelier thématique a eu lieu pendant la conférence : Comment mettre en place une stratégie intégrée pour la vie nocturne locale ? (voir le compte-rendu). Par ailleurs, la Plateforme de la Vie Nocturne, partenaire de longue date de l’Efus, vient de publier une version actualisée de son guide Politique publique de Vie Nocturne : Gouvernance et participation.
> Voir notre section thématique La Ville La Nuit pour plus d’informations et de ressources.
Protection des espaces publics
Comment planifier, aménager, gérer, animer et sécuriser ces espaces tout en respectant les libertés fondamentales ? C’est un défi complexe à relever pour les collectivités territoriales, qui s’efforcent d’intégrer la sécurité dans la conception et l’animation de ces lieux et d’y associer les communautés locales. L’Efus recommande de prendre en compte la variété des usages à partir de données objectives et subjectives, d’associer le public à la coproduction de la sécurité, et de veiller au bon équilibre entre technologies de sécurité et respect des libertés fondamentales.
Cette thématique a fait l’objet de trois ateliers pendant la conférence : Comment les villes peuvent concevoir et animer des espaces publics plus sûrs et plus inclusifs ? (Voir le compte-rendu) Stratégies d’anticipation pour mieux protéger les espaces publics et renforcer la résilience urbaine (voir le compte-rendu) ; Le défi d’un tourisme sécure et durable (voir le compte-rendu).
« Il faut considérer les nouvelles technologies comme un outil complémentaire pour la protection des espaces publics. Les caméras intelligentes ne le sont que si l’intelligence reste dans le cerveau humain », Marc Leoutre, Chargé de mission, Unité de lutte contre le terrorisme, DG HOME, Commission européenne
L’un des points principaux évoqués par de nombreux participants est que pour répondre à des menaces qui évoluent constamment, il convient de développer une culture commune de la sécurité des espaces publics fondée sur des mécanismes de formation et de coproduction. Ainsi, les acteurs locaux de la sécurité et de la prévention doivent développer une approche plus holistique et pluridisciplinaire.
> Voir notre section thématique Espaces Publics pour plus d’informations et de ressources.
Outils et méthodologies
Avec le développement des technologies de l’information, de nouveaux outils et méthodes d’analyse et de travail permettent non seulement de recueillir des données plus fines mais aussi, de plus en plus, d’associer les citoyens à l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation de stratégies et d’actions de prévention. L’Efus recommande notamment que les collectivités territoriales coopèrent davantage avec les institutions de recherche et que les décideurs politiques évaluent régulièrement leurs stratégies de sécurité à partir de données probantes.
Un atelier a eu lieu pendant la conférence sur cette thématique : Connaître le problème pour résoudre le problème : outils et méthodes innovantes pour répondre aux enjeux de sécurité urbaine (voir le compte-rendu). Les participants se sont accordés sur le fait que les données statistiques seules ne reflètent pas le sentiment d’insécurité et l’expérience vécue par les habitants. Il est donc essentiel de croiser les données chiffrées avec celles provenant des habitants. Les participants ont échangé sur les méthodes à adopter afin d’impliquer les habitants les plus réticents à exprimer leur sentiment d’insécurité.
> Voir notre section thématique Audits et Méthodologie pour plus d’informations et de ressources.
Gestion de crise
Comme l’ont souligné de nombreux intervenants à la conférence, les collectivités territoriales ont été confrontées à des crises sans précédent ces dernières années, notamment la pandémie de Covid-19 et des désastres climatiques particulièrement sévères (inondations en Europe alémanique, incendies de forêt en Europe méridionale, tempête Alex à Nice…).
L’Efus estime que leur rôle en matière de sécurité civile n’est pas encore suffisamment reconnu par les gouvernements nationaux et les institutions européennes et promeut une culture partenariale entre les acteurs publics, les services de secours, la société civile et les partenaires privés tels que les transports, les PME et les commerces.
Ces catastrophes ont aussi démontré l’énorme capacité de mobilisation des citoyens, un aspect qui a fait l’objet d’un atelier thématique intitulé L’implication et le rôle des citoyens dans la gestion de crise (voir le compte-rendu). Des représentants des projets ALARM et RiskPACC, dans lesquels l’Efus est partenaire, ont contribué à cette session.
Par ailleurs, pour la première fois cette année, la question du changement climatique et de ses conséquences sur la sécurité urbaine était inscrite au programme de la conférence, sous la forme de l’atelier Changement climatique et sécurité – Comment favoriser la résilience urbaine ? (voir le compte-rendu).
> Voir notre section Gestion de Crise pour plus d’informations et de ressources.
> Présentées à la conférence Sécurité, Démocratie et Villes, les publications des projets BRIDGE, LOUD et MATCH sont disponibles gratuitement pour téléchargement :
- BRIDGE – Comprendre et mesurer la polarisation au niveau local
- LOUD – Quand les collectivités territoriales et les jeunes de neuf villes européennes se mobilisent contre l’intolérance et l’extrémisme
- MATCH-SPORT – Préserver la capacité de cohésion du sport amateur en luttant contre les violences discriminatoires au niveau local