Entretien avec un membre du conseil consultatif de SHINE – Aleksandra Ivanković (directrice adjointe – Victim Support Europe)
Nous avons rencontré Aleksandra Ivanković, directrice adjointe de l’organisation non-gouvernementale Victim Support Europe et membre du comité consultatif du projet européen SHINE sur la prévention et la réduction du harcèlement sexuel dans les établissements de nuit, dans lequel l’Efus est partenaire.
Vous avez participé à la conférence Sécurité, Démocratie et Villes de l’Efus (Nice, 20-22 octobre 2021), où le projet SHINE était aussi représenté. Qu’en avez-vous retiré ?
C’était la première fois que j’assistais à la conférence Sécurité, Démocratie et Villes de l’Efus et j’ai été impressionnée par l’étendue des thèmes traités, qui sont tous très importants à notre époque, et par la variété et la qualité des intervenants. J’ai aussi beaucoup apprécié que ce soit un événement présentiel : après avoir passé un an et demi à travailler à domicile, j’avais besoin d’avoir des échanges en personne. La conférence m’a donné un bon aperçu de la façon dont les choses fonctionnent à l’échelle locale. J’ai effectué une bonne partie de ma carrière à l’international et me concentre depuis cinq ans sur les politiques européennes relatives aux victimes de crimes et délits ; c’était intéressant pour moi d’avoir cette vision de ce qui se passe à l’échelle locale.
Quel est le rôle des outils et services de soutien aux victimes en matière de prévention et de réduction du harcèlement sexuel, et comment peuvent-ils alimenter le projet SHINE ?
La meilleure façon de soutenir les victimes est de faire en sorte que les délits n’aient pas lieu, donc la prévention est vraiment importante. Mais comme elle ne peut pas prévenir 100% des délits, le soutien est ce qu’il reste de mieux à faire pour les victimes. La première chose à faire pour soutenir les victimes d’un crime ou délit quel qu’il soit, mais en particulier d’un délit de violence sexuelle, est de les croire et d’arrêter de les rendre responsables de ce qui s’est passé. Or trop souvent, nous nous demandons ou poussons les victimes à se demander : qu’ont-elles fait pour le mériter ? Or soutenir les victimes, c’est nous demander et demander aux auteurs : qu’est-ce qui vous fait penser qu’elles le méritent ? Cela peut paraître un cliché, mais 100% des crimes et délits sexuels sont causés par des criminels sexuels, et aucun par les vêtements, l’itinéraire, l’histoire sexuelle ou les habitudes consommation des victimes. J’espère que le projet SHINE contribuera à faire avancer cet argument.
Quelles recommandations donneriez-vous aux collectivités locales qui veulent collaborer avec les associations de soutien aux victimes ? Comment collaborer concrètement ? Quels outils utiliser ?
Le soutien aux victimes est un service que la société apporte constamment, ce n’est pas un projet, et les pouvoirs publics à tous les niveaux doivent construire des budgets viables pour les services de soutien aux victimes. Par ailleurs, on ne peut pas restreindre le soutien aux victimes à un niveau ou à un lieu en particulier : il doit être disponible partout, à tout moment, sans limitation. Le soutien aux victimes doit être fondé sur les droits des victimes et fonctionner à partir de leurs besoins.
Cela peut se faire de différentes façons. Notre recommandation est de commencer par développer des outils d’information aux victimes qui soient efficaces et accessibles, de conduire des évaluations des risques et des besoins, et de mettre en place des mécanismes d’orientation des victimes solides pour que celles-ci puissent recevoir l’aide dont elles ont besoin aussi longtemps que nécessaire.
De nombreux outils et ressources sont disponibles sur le site web de Victim Support Europe et nous sommes disponibles pour fournir des conseils, de la formation ou autre forme de soutien dans l’objectif de développer les services d’aide aux victimes en Europe. N’hésitez pas à nous contacter et nous serons heureux de vous répondre.