La conférence finale de PRACTICIES se conclut avec un webinaire sur les préconisations politiques du projet

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> Le panel

Le panel réunissait Rasha Nagem et Chafiaa Djouadi de l’Université de Toulouse-Jean Jaurès, Rut Bermejo de l’Université Rey Juan Carlos, Marina Martínez de l’Office espagnol pour les Sciences et la Technologie, Moritz Konradi et Martí Navarro Regàs de l’Efus.


> Les principaux résultats du projet

Rasha Nagem a rappelé l’origine et les principaux objectifs du projet PRACTICIES (sur lesquels nous ne reviendrons pas en détail ici, voir notre page web dédiée pour une présentation plus complète du projet), avant de présenter ses principaux résultats :

  • une analyse comparative des processus de radicalisation menant à la violence à l’échelle européenne ;
  • la création de nouveaux outils pédagogiques de prévention de la radicalisation menant à la violence ;
  • l’évaluation des méthodes d’identification et d’accompagnement des individus radicalisés au travers d’une analyse comparative des expériences européennes ;
  • l’élaboration d’un glossaire des discours radicaux à l’échelle européenne ;
  • la création d’outils numériques pour identifier les discours radicaux ;
  • l’amélioration des politiques locales de prévention grâce à l’identification et l’échange de bonnes pratiques à l’échelle européenne.

> Les recommandations politiques

Rasha Nagem a expliqué que les recommandations politiques constituent l’un des résultats clés du projet et a donné quelques informations sur la façon dont celles-ci ont été élaborées par le consortium PRACTICIES.
Ces recommandations thématiques sont groupées en trois catégories : celles adressées au niveau supranational (Union européenne), celles adressés au niveau national (gouvernements) et celles adressées au niveau local et régional. Pour chaque groupe, le consortium a travaillé sur un certain nombre de thèmes (16 au total), tels que la recherche, l’amélioration de l’efficacité des politiques de prévention, leur évaluation, le partage des bonnes pratiques, l’appui technique aux professionnels, la participation citoyenne et la démocratie locale, ou encore l’innovation et les nouvelles technologies.


> Recommandations adressées à l’UE

Rut Bermejo a ensuite présenté les recommandations adressées aux institutions européennes, que l’on peut regrouper autour de quatre thèmes principaux :

  • Faciliter la participation de ceux qui appliquent les politiques (autorités locales, organisations professionnelles, citoyens…) à l’élaboration de celles-ci ; cette démarche doit également s’appliquer à la collaboration entre les institutions européennes et les autorités locales en matière de politique de prévention.
  • Sensibiliser et former : ceci concerne notamment l’enseignement des médias dans les écoles, pour lequel le projet recommande de publier un manuel européen sur la prévention de la radicalisation. Ce chapitre concerne également la collaboration souhaitée avec les pays du Maghreb, par exemple via le forum Euromed.
  • Accroître la recherche et rendre ses résultats plus applicables sur le terrain : il s’agit de renforcer la recherche sur la violence, de rendre ces connaissances plus utiles sur le terrain (notamment par le biais d’ateliers et de groupes de travail conjoints entre scientifiques et décideurs politiques à l’échelle de l’UE et locale), et de créer une base de données sur la radicalisation.
  • Élaborer un système commun d’évaluation : il s’agit de développer des outils d’évaluation comprenant des indicateurs quantitatifs et qualitatifs.

> Recommandations adressées aux gouvernements nationaux

Chafiaa Djouadi a présenté les recommandations politiques destinées au niveau de gouvernance nationale, et a expliqué que le consortium avait identifié quatre domaines d’intervention :

  • le partage de bonnes pratiques (favoriser le travail pluridisciplinaire, améliorer le niveau de connaissances dans le secteur éducatif et chez les professionnels, disséminer les compétences entre les secteurs pertinents tels que la recherche, les experts, les professionnels de terrain) ;
  • le soutien aux professionnels qui interviennent dans ce domaine (renforcer les formations, améliorer l’efficacité des outils et méthodes de détection et de prévention) ;
  • l’utilisation des outils et approches développés par le projet PRACTICIES (une approche holistique combinant des éléments scientifiques et des facteurs émotionnels, relationnels et idéologiques – travailler avec les victimes et les délinquants) ;
  • enrichir les politiques publiques (lutter contre la stigmatisation, encourager le dialogue multiculturel, partage d’expériences entre villes européennes).

> Recommandations pour les autorités locales et régionales

Moritz Konradi a ensuite présenté les recommandations à destination des autorités locales élaborées par l’Efus. « Elles sont le résultat d’un processus de travail intense au cours duquel nous avons travaillé avec tous les chercheurs impliqués dans le projet pour veiller à ce que la perspective locale soit prise en compte et que tous les outils développés par le projet répondent véritablement aux besoins locaux », a-t-il expliqué.
Six grands thèmes ont été identifiés :

  • L’inclusion et le bien-être des populations locales : ceux-ci sont des facteurs clé de prévention à l’échelle locale et elle doivent être renforcés (soit localement, soit dans le cadre de politiques nationales).
  • L’institutionnalisation, la planification à long terme et l’évaluation : c’est un thème lui aussi prioritaire car la recherche montre qu’il est essentiel de travailler à la planification à long terme de la prévention.
  • La culture et la collaboration professionnelles : il s’agit de développer une culture commune entre tous les acteurs impliqués dans la prévention de la radicalisation (enseignants, travailleurs sociaux…), qui doivent apprendre à travailler ensemble.
  • L’innovation et les nouvelles technologies : on a tendance à s’appuyer sur les méthodologies que l’on connaît déjà, mais il faut s’efforcer d’en développer de nouvelles, notamment pour limiter la propagation des contenus extrémistes en ligne. Il existe déjà de nombreux projets dans ce sens mis en oeuvre par les municipalités à travers l’Europe (par exemple le projet en cours mené par l’Efus LOUD (Local Young Leaders for Inclusion).
  • Intégrer la perspective locale et régionale dans les politiques européennes : les municipalités doivent participer davantage à l’élaboration des politiques à l’échelle de l’UE. « De nombreux acteurs locaux appellent à des solutions politiques à l’échelle de l’UE, notamment en ce qui concerne les politiques d’asile qui créent de la polarisation et des tensions à l’échelle locale », a remarqué Moritz Konradi.

> Les lignes de financement de l’UE

Marina Martinez a ensuite présenté les lignes de financement de l’Union européenne dont peuvent bénéficier les municipalités ou autres promoteurs ou acteurs de programmes de prévention de la radicalisation violente (forces de police, organisations de la société civile, universités et instituts de recherche…).
Jusqu’à présent, des financements à hauteur de 1,7 milliard d’euros étaient disponibles dans le cadre des programmes européens de recherche et d’innovation pour la période 2014-2020. Le nouveau programme de recherche de l’Union européenne, Horizon Europe, démarre cette année avec des missions élargies et un budget ambitieux de 100 milliards d’euros.
La prévention de la radicalisation peut bénéficier des lignes de financement attribuées dans le cadre du deuxième « pilier » d’Horizon Europe, « Défis globaux et compétitivité industrielle », qui comprend un volet « société civile sûre ».
Néanmoins, la pandémie de coronavirus risque de retarder la mise en oeuvre de ce programme.

Il serait trop long dans cet article de reproduire en détail les nombreuses informations fournies par Marina Martínez. L’Efus mène une veille constante des opportunités de financement à l’échelle européenne (voir notre rubrique dédiée sur notre Efus network, la plateforme collaborative réservée aux membres du réseau) et publiera toute information d’intérêt sur les appels à projets pertinents.


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