« La coopération, le travail en commun vous donnent de la force » Nigel Mellor, ancien fonctionnaire de la mairie de Liverpool (Royaume-Uni)

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Entretien avec Nigel Mellor, ancien fonctionnaire à la mairie (City Council) de Liverpool et ancien président du Comité de Probation de Merseyside, sur les bienfaits de la coopération entre sa ville et l’Efus.

Qu’a apporté l’Efus à votre pratique professionnelle et vice versa ?

La mairie (City Council) de Liverpool a connu l’Efus au début des années 1990 lors d’une assemblée générale à Strasbourg à laquelle j’ai assisté en compagnie du président du conseil municipal. À cette occasion, nous avons participé à un groupe de travail sur l’immigration et la sécurité, aux côtés de représentants des villes de Naples (Italie), Oeiras (Portugal), Alicante (Espagne), Ghent (Belgique), et de Hongrie. Ce travail nous a permis de développer un projet pour lequel nous avons obtenu un financement d’un million de livres sterling dans le cadre du Programme pour l’emploi de l’Union européenne (Horizon), afin de donner des cours de langue et d’aptitudes professionnelles à une quarantaine de membres de la communauté somalienne de Liverpool.

Liverpool s’est ensuite impliquée davantage dans l’Efus et a été membre du Comité exécutif. La ville a accueilli des réunions et des visites d’étude pour les membres du réseau sur des thèmes tels que la sensibilisation aux drogues dans les écoles, le football et la sécurité, les statistiques de la criminalité, et l’aménagement urbain et la sécurité.

Les élus et fonctionnaires de la mairie ont pu visiter d’autres villes européennes, ce qui leur a permis de découvrir et de comprendre les politiques qu’elles mettent en oeuvre sur des thèmes d’intérêt commun.

Par la suite, j’ai été invité à représenter l’Efus à une réunion avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (UNDP), qui s’est tenue dans l’île de la Réunion. J’ai également été invité par le président du Portugal, toujours en ma qualité de membre de l’Efus, à intervenir dans une conférence sur les drogues dont les travaux ont inspiré une série de réformes au gouvernement.

                                                       

L’Efus défend trois principes clés : la prévention comme approche efficace face à la criminalité ; l’importance du niveau local de gouvernance, et la coopération européenne. Quelle est votre position sur ces questions ?

Il est clair qu’il vaut mieux prévenir la criminalité que d’en gérer les conséquences. À ce titre, je voudrais mentionner le travail mené par l’Efus dans les années 1990 pour rassembler dans une publication[1] les différentes approches d’un certain nombre de villes européennes en matière de prévention. Ce livre a été très utile aux techniciens locaux. Un autre exemple intéressant est celui du groupe de travail sur les drogues à l’école qui nous a permis de mieux connaître le travail mené auprès des jeunes écoliers dans divers pays européens.

En ce qui concerne le deuxième point, je crois que l’engagement des élus locaux au sein de l’Efus est crucial parce qu’il leur permet d’échanger avec d’autres représentants locaux, ce qui les aide dans leur prise de décision.

Enfin, bien que l’expérience des villes européennes en matière de criminalité et de réponses soit variée, le contexte et les causes de la délinquance et des comportements  antisociaux sont très similaires. C’est pourquoi le travail en commun et la coopération sont si importants. De plus, les criminels ne respectent ni ne reconnaissent les frontières et pire, ils essaient de les exploiter. La coopération transfrontalière est donc absolument essentielle.

                                           

Quels avantages avez-vous retirés, en tant que fonctionnaire municipal, de l’appartenance de votre ville à l’Efus ?

La coopération et le travail en commun vous donnent de la force. Parfois, des opportunités imprévues apparaissent. Faire partie d’un réseau de villes dédié à la prévention de la criminalité et la sécurité urbaine peut stimuler de nouvelles initiatives, qui seront mieux préparées et donneront des résultats concrets.

Je voudrais aussi souligner l’importance de la convivialité. Lorsque Liverpool accueillait des visites d’études, et lorsque c’était possible, nous partagions des repas chez moi. Cela peut sembler superflu mais c’est important pour nouer des relations, surtout lorsqu’il s’agit de personnes de pays différents. Bien que mon engagement direct au sein de l’Efus ait pris fin quand j’ai pris ma retraite de la mairie de Liverpool, en 2000, ce besoin de convivialité entre ressortissants de divers pays européens me paraît d’autant plus nécessaire à présent que le Royaume-Uni a décidé de quitter l’Union européenne.

                                                       

Quelles sont selon vous les tendances qui marqueront les années à venir en matière de prévention ?

La prévalence de la cybercriminalité va probablement se renforcer. Le renforcement des cibles permettra de réduire la vulnérabilité de certaines cibles aux crimes opportunistes (par exemple les vols de véhicule et les cambriolages). Les vols et les crimes contre les personnes resteront préoccupants.

                                                                                                                   

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[1] Pratiques de sécurité urbaine (1996), épuisé