Paris, France, avril 2021 – Qu’est-ce que la Nouvelle Charte de Leipzig et en quoi peut-elle aider les collectivités européennes à élaborer et mettre en place des politiques de sécurité et de développement urbain durable ? Organisée par l’Efus dans le cadre de son Assemblée générale (15-19 mars), cette webconférence a présenté les principaux aspects de cette Charte adoptée en novembre 2020 par les ministres européens en charge du développement et exploré comment les collectivités peuvent s’en emparer. La rencontre a réuni environ 65 représentants d’autorités locales et régionales, des universitaires, des chercheurs et des partenaires de l’Efus.
Une Charte qui tient compte de nouveaux phénomènes mondiaux
Prenant la suite de la Charte de Leipzig, qui datait de 2007, la Nouvelle Charte de Leipzig établit des principes de bonne gouvernance urbaine qui sont en ligne avec l’Agenda urbain pour l’Union européenne.
Oliver Weigel, du département Développement urbain du ministère fédéral allemand de l’Intérieur, de la Construction et de la Communauté, a expliqué que ce document a été élaboré sur une période de deux ans lors d’un processus collaboratif pan-européen mené par l’Allemagne en prévision de son mandat à la présidence de l’Union européenne (juillet-décembre 2020).
L’un des principaux points de la première Charte de Leipzig est qu’elle mettait en avant le développement intégré et durable comme moyen d’améliorer les conditions de vie dans les villes européennes. Depuis 2007, un certain nombre de phénomènes nouveaux ont eu un impact important sur la vie urbaine en Europe, notamment la crise économique de 2008, le changement climatique et l’essor des technologies de l’information. Par ailleurs, les institutions internationales et européennes ont depuis adopté un certain nombre de documents clés qui informent les politiques urbaines, notamment l’Accord de Paris sur le changement climatique, (2015) les Objectifs de développement durable des Nations Unies (2015) et l’Agenda urbain pour l’Union européenne (2016).
Une ville juste, verte et productive
La Nouvelle Charte de Leipzig promeut une vision de la ville comme étant « juste, verte et productive » et qui est administrée selon cinq principes de bonne gouvernance : une politique urbaine pour le bien commun, une approche intégrée, la participation citoyenne et la co-création, une gouvernance multi-niveaux, et enfin une approche axée sur le lieu. Ceci correspond à une approche multi-niveaux et multi-acteurs à laquelle tous les acteurs pertinents participent.
Monica Diniz, responsable de la prévention, de la sécurité et des relations internationales à la police municipale de Lisbonne, a remarqué que ces principes sont défendus de longue date par l’Efus. La directrice du service de prévention de la ville de Barcelone, Ángels Vila Muntal, était du même avis et a souligné qu’une telle approche « fait partie de l’ADN de l’Efus depuis sa fondation. En effet, tous les projets sur lesquels l’Efus travaille fonctionnent de cette manière et prennent en compte toutes sortes de perspectives différentes ». Mme Vila Muntal a ajouté que la Nouvelle Charte de Leipzig « offre un cadre qui englobe les différentes initiatives mises en place aujourd’hui par les villes européennes, qui pour la plupart ont des projets sur la ville verte, la ville productive, etc. La Nouvelle Charte de Leipzig fait le lien entre tous ces domaines de manière holistique ».
Une protection holistique des espaces publics
La protection des espaces publics a été l’un des principaux thèmes abordés, autant par les intervenants que par les participants. Monica Diniz de Lisbonne a souligné l’importance d’associer la police à la planification urbaine et a suggéré l’idée de formations conjointes pour les agents et les urbanistes. Anthony Borré, Premier Maire Adjoint de Nice, ville qui coordonne le Partenariat pour la sécurité des espaces publics de l’Agenda urbain pour l’Union européenne conjointement avec la ville de Madrid et l’Efus, a souligné l’importance de cette question pour sa ville, qui a été deux fois la cible d’attentats terroristes ces dernières années (juillet 2016 et octobre 2020). Comme Lisbonne, Nice prône d’associer la police à la conception d’espaces publics plus sûrs.
Représentant la ville de Vienne, Karin König, du bureau des Droits Humains de la municipalité autrichienne, a expliqué que sa ville considère que la sûreté sociale est une composante essentielle de la sécurité des espaces publics : « L’inclusion sociale est un fondement de la sécurité urbaine : les besoins essentiels des habitants doivent être satisfaits. C’est pourquoi nous privilégions le travail social sur les espaces publics, la médiation sociale et le travail dans les quartiers », a-t-elle dit.
Un autre aspect de la Charte qui résonne avec l’approche de Vienne est l’importance donnée à la participation des citoyens aux politiques locales de développement urbain : « Nous avons un certain nombre de processus participatifs en place pour que les gens puissent être entendus et puissent contribuer au développement urbain régional. Ceci est tout à fait en ligne avec la Nouvelle Charte de Leipzig », a précisé Mme König.
À suivre lors de la conférence internationale Sécurité, Démocratie et Villes de l’Efus
En conclusion, Elizabeth Johnston, déléguée générale de l’Efus, a souligné que cette réflexion collective sur la sécurité urbaine dans le cadre d’une stratégie de développement urbain se poursuivrait, notamment pendant la conférence internationale Sécurité, Démocratie et Villes de l’Efus, en octobre prochain. Elle a ajouté que le financement des collectivités était une question clé dont dépend la mise en place de politiques urbaines intégrées telles que le préconise la Nouvelle Charte de Leipzig, et que celle-ci doit être approfondie, et résolue, avec les autorités nationales et européennes.
> Lire le compte-rendu de la conférence
> La Nouvelle Charte de Leipzig
> Efus invite tous ses membres à débattre de ce thème et d’autres lors de la conférence internationale Sécurité, Démocratie et Villes, du 20 au 23 octobre 2021