Prévention de la radicalisation menant à la violence : deux décennies de travail avec les villes 

Juillet 2023 – Le Forum européen pour la sécurité urbaine (Efus) travaille sur la radicalisation menant à l’extrémisme violent depuis le début des années 2000 et la vague d’attentats terroristes contre des grandes villes européennes (Madrid 2004, Londres 2005, Paris 2015, Nice 2016, Bruxelles 2016, Manchester 2017…).  Il travaille sur toutes les formes de radicalisation violente, qu’elle soit liée à l’extrémisme religieux islamiste, l’extrême droite ou encore le hooliganisme.

2007 – Villes contre le terrorisme

Alors que le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux de l’Europe publie en 2003 une résolution « sur le rôle et les responsabilités des pouvoirs locaux face au terrorisme », l’Efus lance peu après le projet « Villes contre le terrorisme » qui donne lieu à la publication de Sécucités – Villes contre le terrorisme.  

Le projet avait pour ambition de mettre en avant et de promouvoir le rôle primordial et incontestable des acteurs locaux dans la lutte antiterroriste. Il a constitué la pierre angulaire de toutes les initiatives ultérieures de l’Efus sur cette thématique.

Défendre la démocratie

« Les élus locaux et les autorités locales jouent un rôle clé en termes d’intervention immédiate lors d’un attentat terroriste, de gestion de crise, de développement de la solidarité publique et des relations communautaires, comme l’ont  démontré les  expériences les plus récentes de New York, Madrid ou Londres », affirme l’Efus dans Sécucités – Villes contre le terrorisme. « Les villes ont un rôle à jouer dans la mobilisation globale pour éliminer le terrorisme. Ce rôle ne consiste pas à devenir acteurs d’une guerre mais à lutter pour défendre les valeurs de la démocratie ». 

Le lien entre sécurité et liberté

L’Efus et ses membres considèrent en effet qu’il est essentiel de garantir l’indivisibilité des droits fondamentaux dans la lutte et la prévention contre l’extrémisme violent. À cet égard, il est fondamental de préserver à la fois la liberté et la sécurité car l’une ne va pas sans l’autre. Cela signifie que les citoyens ne doivent pas être mis devant un choix impossible entre sécurité ou liberté. 

Éviter la stigmatisation

Cela signifie également qu’il convient de combattre toutes les formes d’extrémisme violent de manière équilibrée et responsable en évitant de stigmatiser quelque groupe de population que ce soit. Une communication cohérente et respectueuse est alors fondamentale qui cherche à unir plutôt qu’à diviser.

Des principes inchangés

Ces principes, l’Efus a continué à les défendre et à les promouvoir au fil des années par le biais de ses activités régulières d’échange (conférences, séminaires…) et au travers de projets qui bénéficient à ses villes membres et qui sont pour la plupart cofinancés par l’Union européenne. Ils sont affirmés dans le Manifeste Sécurité, démocratie et villes – Coproduire les politiques de sécurité urbaine.

Projets menés par l’Efus sur la prévention de la radicalisation menant à l’extrémisme violent.

Des outils concrets

Si les collectivités membres de l’Efus sont toutes d’accord sur ces principes fondamentaux, la question qui les préoccupe en priorité est de savoir comment prévenir localement la radicalisation menant à la violence. C’est pourquoi l’Efus mène ou participe à de nombreux projets destinés à les doter d’outils concrets. 

Dès 2013, l’Efus est partenaire d’un projet piloté par le ministère belge de l’Intérieur et intitulé BOUNCE qui vise à développer des outils pour renforcer la résilience des jeunes face aux discours extrémistes. 

Un guide méthodologique

L’année suivante, l’Efus conçoit le projet LIAISE (Local Institutions Against Extremism), qui sera ensuite prolongé par LIAISE 2, avec le soutien de la Commission européenne. Le projet est axé sur le renforcement des capacités des collectivités en matière de prévention de la radicalisation. 

Il résulte dans la publication d’un ouvrage, Prévenir et lutter contre la radicalisation à l’échelon local, qui présente une série de pratiques inspirantes et de recommandations et qui est accompagné d’un Guide méthodologique pour l’élaboration d’une stratégie locale

Un champ de recherche élargi

Ces dernières années, l’Efus a élargi son champ de recherche au phénomène de la polarisation qui sous-tend la radicalisation violente et qui est amplifiée par les réseaux sociaux, notamment au travers du projet européen BRIDGE qui a résulté dans la publication Comprendre et répondre à la polarisation au niveau local

Par ailleurs, l’Efus approfondit son travail sur les outils de diagnostic et de prévention auxquels les autorités locales peuvent avoir recours. Ainsi, l’un des quatre domaines de recherche du projet IcARUS, sur lequel l’Efus travaille depuis 2020, est la prévention de la radicalisation violente. Ce projet s’appuie sur 35 ans de politiques locales de sécurité urbaine pour repenser, remanier et adapter les outils et méthodes permettant aux collectivités de mieux anticiper et répondre aux défis de sécurité.

Améliorer la méthodologie de travail

Depuis respectivement 2021 et 2022, l’Efus est partenaire de deux projets européens, INDEED et icommit, qui ont pour objectif d’améliorer la méthodologie de travail des praticiens et décideurs politiques impliqués dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent. 

INDEED vise à améliorer la conception, la planification, la mise en œuvre et l’évaluation des activités de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent. icommit (qui s’écrit sans majuscule) a pour objectif de former les acteurs impliqués dans le désengagement et la réintégration (des extrémistes) au travail multipartenarial en proposant des modèles et une formation interactive. 

Un soutien à 250 villes européennes

L’Efus mène ce travail en parallèle et en complément des efforts importants consacrés par les gouvernements nationaux et les institutions internationales telles que l’Union européenne  et les Nations Unies. Il est également en contact régulier avec d’autres réseaux tels que le Radicalisation Awareness Network (RAN) de l’UE et le Strong Cities Network

Aujourd’hui, l’Efus continue à occuper une position unique de lieu d’échange, d’accompagnement et de soutien à près de 250 villes et régions réparties dans 16 pays européens, dans le but de les doter des clés nécessaires pour appréhender et agir face à une problématique complexe et en perpétuelle évolution.

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