Juillet 2025 – Le Forum européen pour la sécurité urbaine (Efus) a récemment signé un accord de partenariat avec le réseau LUCI, qui regroupe 70 villes du monde entier autour des questions liées à l’éclairage urbain. Les deux réseaux collaboreront notamment dans le domaine de la protection des espaces publics et du rôle de la lumière pour renforcer la sécurité et le sentiment de sécurité des citoyens.
Rencontre avec Mark Burton-Page, directeur général de LUCI.

Pouvez-vous nous présenter rapidement le réseau LUCI ?
Mark Burton-Page : LUCI est le seul réseau international de villes qui travaille sur toutes les questions liées à l’éclairage urbain, autant l’éclairage public permanent, celui du quotidien, que l’éclairage événementiel, avec les festivals lumière ou autre événement de ce type. Fondé en 2002, LUCI réunit aujourd’hui 70 villes membres dans 35 pays de tous les continents, qui totalisent quelque 135 millions d’habitants. Notre réseau associe également les différents acteurs de l’écosystème d’éclairage urbain : fabricants, installateurs, prescripteurs, organisateurs d’événement et universités et instituts de recherche.
Quelles sont les priorités des membres de LUCI et en quoi sont-elles liées au travail de l’Efus ?
Depuis une dizaine d’années, les échanges au sein du réseau ont porté beaucoup sur les économies d’énergie avec le passage à l’éclairage LED et l’avènement d’une ville plus intelligente avec l’ajout de la connectivité à l’éclairage. Ces enjeux demeurent, mais aujourd’hui, un enjeu essentiel est celui des aspects environnementaux de l’éclairage urbain. On constate une prise de conscience massive de l’impact de la pollution lumineuse et de l’importance de la qualité du ciel nocturne. Ceci, couplé au renchérissement de l’énergie lié à la guerre en Ukraine, amène certaines villes, notamment en France, à réfléchir et expérimenter comment et où baisser l’éclairage public, voire le couper. C’est une question sensible qui a un impact important sur la sécurité urbaine et sur le sentiment de sécurité des citoyens. Notre objectif commun, à LUCI et à l’Efus, est donc de permettre aux villes intéressées par l’intersection des deux sujets, l’éclairage urbain et la sécurité urbaine, de croiser leurs connaissances, leurs réflexions et leurs pratiques.

Photo : Elizabeth Johnston, déléguée générale de l’Efus, et Fatiha El Moudni, présidente de LUCI et maire de Rabat (Maroc), signent l’accord de partenariat entre les deux réseaux, à Londres en avril 2025.
Existe-t-il des complémentarités géographiques entre le réseau Efus et le réseau LUCI ?
Tout à fait : LUCI a été historiquement très présent dans le nord de l’Europe, autour de la Baltique et des pays scandinaves, où il existe une culture de la lumière urbaine très forte liée au fait que l’obscurité est dominante en hiver et à l’inverse la lumière du jour dominante en été.
De son côté, le réseau Efus a, je crois, été historiquement davantage présent en Europe du Sud (Espagne, Italie…), où il existe une culture différente de l’éclairage urbain et de la gestion des espaces publics. Donc les deux réseaux se complètent bien sur ce plan. Avec le réchauffement climatique, nous allons tous devoir réfléchir à comment mieux vivre en ville, y compris la nuit qui représente la moitié de notre vie !
Est-ce que LUCI et l’Efus envisagent de travailler ensemble sur des projets financés par l’Union européenne ?
C’est en effet une avenue de coopération très stimulante pour nos deux réseaux et j’espère que nous pourrons très vite établir un groupe de travail croisé qui aidera à définir les grandes lignes d’un projet à proposer à la Commission européenne.
L’Europe a tout intérêt à financer et soutenir des échanges entre villes sur ces sujets, par exemple sur les déterminants profonds, culturels et sociaux du sentiment d’insécurité et sur comment le prévenir en créant des espaces publics plus inclusifs, y compris la nuit.
Comment va se structurer la coopération LUCI-Efus ?
La première chose est que nous encourageons mutuellement nos membres à participer aux conférences, séminaires ou autres événements qui peuvent les intéresser et qui, précisons-le, seront gratuits pour nos membres.
Ensuite, il s’agit d’échanger régulièrement des informations, par exemple en publiant réciproquement des contenus diffusés par les deux réseaux et en favorisant les coopérations entre villes au sein d’un groupe de travail commun.
Quels résultats attendez-vous à court et moyen terme ?
Un partenariat ne se décrète pas ; il se construit, il se nourrit. Nous n’avons pas signé un document pour lancer quelque chose de nouveau, mais plutôt pour constater quelque chose qui existait déjà et pour le renforcer. Je suis convaincu que le partenariat LUCI-Efus va produire de la valeur ajoutée pour nos deux réseaux et favoriser de nouvelles approches qui vont renforcer et aider nos collectivités membres à travailler, s’inspirer, comprendre de nouvelles choses, se former sur de nouveaux enjeux… Ces échanges, j’en suis sûr, permettront à terme de concevoir des politiques publiques toujours plus adaptées aux besoins et attentes des citoyens des villes qui font partie de ces deux réseaux ou les rejoindront à l’avenir.
Photo en haut : le Festival des Lumières de Lyon, qui a lieu tous les ans le 8 décembre. © iStock – Gim42
Photos au centre et en bas: ©LUCI Cities & Lighting Summit London 2025, BAR Productions