Bruxelles Prévention et Sécurité de la Région de Bruxelles-Capitale et la Ville de La Haye sont partenaires de Secu4All, un projet mené par l’Efus qui a démarré il y a quelques mois, en décembre 2020. Nous leur avons demandé ce qu’elles en attendent.
Quelles sont les priorités de votre ville en matière de protection des espaces publics, et qu’attendez-vous du projet Secu4All?
Paul Verhoeff, Coordinateur Événements, Ville de La Haye : Notre principale difficulté est d’arriver à satisfaire les différents usages du centre-ville, qui est densément peuplé et très fréquenté. Il s’agit du quartier que nous appelons le « cœur démocratique » de La Haye, où se trouvent le Parlement et de nombreux cafés, bars, restaurants, commerces et bureaux. C’est aussi d’un nœud de transports publics. Il y a donc des intérêts qui peuvent être conflictuels en cas de menace terroriste : cette zone doit demeurer accessible à tous mais la présence du Parlement demande que l’accès soit aussi, dans une certaine mesure, limité.
Secu4All peut nous permettre de voir différemment ce possible conflit d’intérêt et nous offrir de nouvelles approches pour rendre ce quartier sûr tout en respectant un équilibre entre accessibilité et sécurité. Les nouvelles technologies sont très intéressantes pour notre municipalité : un mix entre les barrières physiques traditionnelles et des technologies de sécurité modernes est une bonne solution pour ce quartier.
Quelle est votre approche en matière de sécurité des espaces publics ?
Hans Crab, Chef d’Unité Partenariats et Projets, Bruxelles Prévention et Sécurité de la Région Bruxelles-Captiale : Depuis 2019, nous avons un groupe de travail intégré, à deux niveaux, sur la sécurité des espaces publics. Coordonné par Bruxelles Prévention & Sécurité, il réunit en tant que membres permanents urban.brussels et perspective.brussels pour l’urbanisme ainsi que Bruxelles Mobilité. Outre les quatre réunions annuelles statutaires, le groupe peut se réunir pour débattre de sujets spécifiques et également accueillir des intervenants extérieurs, en fonction des thèmes traités. En outre, il se réunit deux fois par an pour examiner le planning à long terme, le budget et la répartition de la charge de travail.
Ce groupe opérationnel identifie les meilleures pratiques et associe autant d’acteurs que possible à leur mise en œuvre. Les résultats préliminaires sont très positifs. Citons en particulier le manuel sur la sécurité par le design pour prévenir les attentats terroristes dans les espaces publics. Nous sommes en train de travailler sur un deuxième volume qui sera publié en 2022. Ce travail collaboratif nous permet d’associer des architectes et des designers au processus de sécurité plutôt que seulement les urbanistes et les décideurs politiques, comme c’est le cas habituellement.
La Haye : Notre approche est fondée sur un réseau solide de partenaires et sur un dialogue continu avec tous les principaux acteurs. C’est un point fort qui permet au conseil municipal d’être informé en permanence et d’agir vite en cas de menace.
Comme il est difficile de limiter l’accès au centre-ville, nous avons une approche qui combine le déploiement de gendarmes et la vidéosurveillance. Il est crucial de pouvoir détecter le plus tôt possible une menace terroriste, ce qui est, à nouveau, difficile étant donné le caractère ouvert de ce quartier. Nous sommes curieux d’apprendre comment les autres villes partenaires de Secu4All répondent à des situations similaires.
Pourquoi pensez-vous qu’il est important de renforcer les compétences des collectivités en matière de sécurité des espaces publics ?
La Haye : L’évaluation des risques et la sécurité urbaine sont un flux continu. À mesure que le niveau de risque concernant certaines menaces spécifiques monte ou descend sur cette échelle, il demeure crucial d’être informé en permanence sur tout ce qui peut poser un risque pour les espaces publics. C’est pourquoi il est important que les collectivités renforcent leurs connaissances : elles doivent pouvoir mettre en place des stratégies efficaces pour protéger les zones très peuplées et fréquentées.
Bruxelles : Nous pensons que les niveaux local et régional de gouvernance devraient avoir plus de compétences en matière de sécurité parce que ce sont les niveaux auxquels les décisions en matière d’urbanisme sont prises. Les autorités locales ont une connaissance fine de la situation sur le terrain dont nous devons tirer parti. Elles sont déjà en charge de la maintenance des voies de circulation, des parcs et des espaces publics alors que le design et la planification des éléments de sécurité demeurent de la compétence du gouvernement et « descend au goutte à goutte » vers le niveau local. De plus, nous avons de nombreux et excellents partenaires au niveau national avec lesquels nous coopérons de façon étroite, fréquente et productive.
Quels aspects de Secu4all apportent une valeur ajoutée à vos activités actuelles en matière de sécurité des espaces publics ?
Bruxelles : Un point de vue nouveau sur notre approche nous donnerait des informations importantes pour valider ou au contraire ajuster notre stratégie. La valeur ajoutée tient aux connaissances que les partenaires apportent à la table et à l’opportunité pour nous de faire de même. Le partage de pratiques prometteuses est toujours très fécond quel que soit le domaine de recherche.
Qu’attendez-vous de votre participation à Secu4All?
Bruxelles : Nous avons établi une approche primaire pour notre ville et notre région mais nous voulons la renforcer, la comparer et la compléter avec l’expertise européenne dont nous pourrons bénéficier via Secu4All. Ça ne sert à rien de réinventer la roue à l’échelle locale alors qu’il existe déjà une somme de connaissances.
Nous nous réjouissons de partager nos idées et innovations avec les partenaires du projet. Nous espérons pouvoir aider d’autres collectivités, mais aussi bénéficier d’une critique constructive et d’un dialogue qui nous permettra d’affiner nos concepts. L’Efus et les partenaires du projet Secu4All ont une expertise considérable et nous sommes curieux de voir jusqu’où ce processus nous mènera.