Liège, Belgique, mai 2021 – Le projet PACTESUR a organisé un « Atelier de Gouvernance Locale » avec la Ville de Liège (Belgique) pour discuter de la stratégie municipale de prévention de cette dernière, de ses procédures d’évacuation et de sa politique de gestion de crise avec les autres partenaires du projet ainsi que des acteurs locaux et européens de la sécurité, des représentants de la police et des experts, les 5 et 6 mai.
Le défi de la protection des espaces publics
Cette rencontre avait pour but de présenter la stratégie mise en œuvre par les autorités liégeoises pour sécuriser les espaces publics de la ville au quotidien et lors de grands événements. Le consortium (Nice, Liège, Turin, ANCI Piemonte, Métropole Nice-Côte-d’Azur et l’Efus) et des représentants du Comité consultatif d’experts et du Groupe de villes associées ont partagé leurs expériences en matière de protection des espaces publics face à la menace terroriste.
La session d’ouverture a débuté par un mot de bienvenue de Willy Demeyer, bourgmestre de Liège et président de l’Efus, et Elizabeth Johnston, déléguée générale de l’Efus, qui ont présenté l’approche intégrée et transversale de l’Efus en matière de sécurité urbaine. Essentiels, mais vulnérables, les espaces publics nécessitent une politique de sécurité qui s’appuie sur une véritable coopération entre les diverses parties prenantes (autorités locales, forces de police, services de secours, urbanistes, représentants des usagers). Autrement dit, une coproduction de la sécurité pour garantir que l’espace public soit à la fois sûr, ouvert et accessible à tous. Comment sécuriser l’espace public urbain face à des menaces évolutives et garantir qu’il demeure à la fois sûr, ouvert et accessible à tous ? Telle est la question à laquelle le projet PACTESUR cherche à répondre.
La première journée était consacrée à la prévention des risques dans les espaces publics urbains, aux protocoles de sécurité et aux stratégies pour sécuriser les grands événements. Il est essentiel que la réponse soit globale et pluridisciplinaire car les mesures prises pour contrer certains risques peuvent en fait en aggraver d’autres. Par exemple, renforcer les mesures de sécurité dans un espace public donner peut causer de l’anxiété parmi le public, qui peut interpréter ces mesures comme un signe qu’il y a danger. Il est donc important d’avoir une approche équilibrée et d’être transparents avec les citoyens en ce qui concerne les nouveaux outils et systèmes de sécurité mis en place.
S’adapter aux nouvelles menaces
La deuxième journée était consacrée à la gestion de crise, aux procédures d’évacuation d’urgence et aux nouveaux systèmes d’alarme. La Ville et la police de Liège ont développé une stratégie globale face aux attaques armées à la suite des attentats de Paris en novembre 2015. De plus, le Centre de Crise national de Belgique a développé l’outil BE-Alert, un système d’alarme qui permet au gouvernement d’informer les citoyens en cas d’urgence. Il s’agit de donner des informations de source officielle au plus grand nombre possible de résidents et d’usagers de l’espace public concerné.
Des perspectives européennes
Une session était consacrée aux perspectives européennes sur les attentats de ces dernières années dans les villes européennes. Des représentants de la police locale de Liège ont évoqué deux attentats récents à Liège : la fusillade de la Place Saint-Lambert en 2011 et l’attaque près du lycée Léonie de Waha en 2018. Un représentant de la police locale de Madrid a pour sa part retracé l’attentat à la bombe du 11 mars 2004 à la gare d’Atocha à Madrid, qui fit 193 morts et 1 800 blessés. Les représentants des polices liégeoise et madrilène ont discuté de leur stratégie locale de prévention et de sécurité, de leurs programmes de formation, et des enseignements tirés de ces expériences. À Madrid, la collaboration entre les services de secours, les forces de police nationales et municipales, les pompiers et les services médicaux d’urgence a été essentielle dans la réponse à ce qui demeure l’attentat le plus meurtrier de l’histoire du pays. À Liège, la communication s’est révélée cruciale pour protéger le public lors d’une attaque terroriste. Lors d’une telle crise, la panique s’installe rapidement et l’absence d’informations claires et vérifiées de la part d’une autorité officielle peut empirer la situation. En outre, une formation approfondie des policiers, tant sur les manœuvres stratégiques que sur les premiers secours, peut s’avérer vitale en cas d’attaque terroriste, facilitant une réponse efficace et efficiente.
Le rôle du design dans la protection des espaces publics
Une groupe d’étudiants de la Sustainable Design School (SDS) (école du développement durable), dirigée par Laetitia Wolff, consultante en Design Impact, ont présenté leurs projets sur Security By Design, qui visent à préserver l’attractivité des espaces publics et à stimuler un sentiment d’appartenance tout en renforçant la sécurité de ces lieux. L’intégration des outils de sécurité dans des espaces publics préexistants représente un vrai défi, mais elle est néanmoins essentielle, à la fois pour améliorer la fonctionnalité et pour susciter l’acceptation du public.
La SDS, qui se situe près de Nice, à Cagnes-sur-Mer, est un partenaire associé du projet PACTESUR. A partir d’une série d’entretiens de terrain, l’école a mené une étude sur le sentiment d’insécurité des usagers de la Promenade des Anglais à Nice. Cette approche, présentée lors du premier Atelier de Gouvernance Locale qui s’est tenu à Nice en décembre, permet de recueillir les besoins et les attentes des usagers de l’espace public lors de la planification et la conception des espaces publics sûrs à travers des audits multi-acteurs au niveau local.
Les prochaines étapes du projet PACTESUR
Florence Cipolla, coordinatrice du projet PACTESUR (Ville de Nice), a conclu l’Atelier de Gouvernance Locale en soulignant qu’il convient de poursuivre le travail de manière transparente et transversale afin de contrer une menace terroriste toujours plus complexe et en évolution constante.
Le troisième et dernier Atelier de Gouvernance Locale se tiendra à Turin en automne 2021. Il sera accompagné de formations spécialisées pour les acteurs européens de la sécurité.
Note de pied de page
1 Manifeste de l’Efus : Sécurité, démocratie et villes : Coproduire les politiques de sécurité urbaine disponible : https://issuu.com/efus/docs/manifeste-vang-web
À propos de PACTESUR
Le projet PACTESUR vise à renforcer les capacités des villes et des acteurs locaux dans le domaine de la sécurité des espaces publics confrontés aux menaces, entre autres, terroristes. A travers une approche ascendante, le projet fédère décideurs locaux, forces de sécurité, experts de la sécurité urbaine, urbanistes, développeurs informatiques, formateurs, designers et autres professionnels afin d’élaborer de nouvelles politiques locales européennes pour sécuriser les espaces publics contre le risque d’attentat terroriste.
Le projet est financé à 90% par le programme Sécurité Intérieure de la Direction générale Migration et Affaires intérieurs de la Commission européenne.
Contact:
Tatiana Morales, Chargée de Programme: morales@efus.eu
Martí Navarro Regàs, Chargée de Programme: navarroregas@efus.eu
Marta Pellón Brussosa, Chargée de Communication: pellonbrussosa@efus.eu
