Bruxelles, Belgique, avril 2022 – Comment développer des approches partenariales en matière de prévention de la délinquance ? Comment identifier les partenaires pertinents ? Qui dirige ? Quelle information est partagée avec qui ? Et comment faire fonctionner le partenariat en fonction des mandats et compétences de chaque partenaire ? Tel était le thème de l’édition 2022 de la conférence biennale du European Crime Prevention Network (EUCPN, réseau européen de prévention de la délinquance) qui a réuni, outre l’Efus, des acteurs de terrain et des universitaires à Bruxelles, les 28-29 avril.
Les débats portaient sur trois thématiques : les coalitions intelligentes contre le crime organisé, la coopération transfrontalière, et l’évaluation de la prévention de la délinquance. Représenté par Marta Pellón Brussosa, chargée de mission, et Yves van de Vloet, expert associé et membre du comité d’experts du projet PACTESUR, l’Efus est intervenu dans une table ronde sur la coopération transfrontalière.
Les autres intervenants étaient Aarna Kinnunen, du Conseil de prévention de la délinquance de Finlande, qui a présenté le ‘modèle de coopération nordique’ ; Tony Verachtert, agent de liaison de la police intégrée belge auprès de l’Union du Bénélux, qui a expliqué le rôle du Bénélux comme terrain d’essai de la coopération transfrontalière au sein de l’Union européenne, et Mats Grundström, de l’agence européenne de répression de la criminalité Europol, qui a expliqué comment celle-ci soutient les États Membres de l’UE dans leur lutte contre la criminalité.
Voici les points principaux de la présentation de l’Efus :
Les questions de sécurité ne s’arrêtent pas aux frontières
● L’Efus promeut une approche équilibrée de la sécurité urbaine entre la prévention, la sanction et la cohésion sociale.
● L’Efus fait un travail de plaidoyer et de promotion du rôle important que jouent les collectivités territoriales dans la prévention. Celle doit associer tous les acteurs locaux et les citoyens pour coproduire les politiques de sécurité.
● La coproduction de la sécurité urbaine est un principe qui signifie aller au-delà du partenariat et de la concertation pour établir un diagnostic des besoins et le mettre en oeuvre ensemble au sein de nos communautés.
● Dans la pratique ? Depuis plus de 35 ans, l’Efus accompagne les collectivités dans l’élaboration, la mise en oeuvre et l’évaluation de leur politique de sécurité locale.
● Un autre aspect important du travail de l’Efus est de faire entendre la voix des communautés locales, représentée par les élus locaux, auprès des gouvernements nationaux et des institutions européennes.
L’importance de la coopération transfrontalière dans la gestion de crise
L’Efus a expliqué que la coopération transfrontalière est particulièrement importante en cas de crise, comme récemment avec la pandémie de Covid et une série de catastrophes climatiques qui a affecté plusieurs villes et régions européennes (inondations en Europe du nord, incendies de forêt en Europe méridionale) ou, par exemple, en cas d’accident industriel.
Le travail mené dans le cadre de plusieurs projets européens sur ce thème (notamment ALARM, qui s’est achevé en septembre 2021, et RiskPACC, qui a démarré au même moment) a montré qu’il y a une forte demande des collectivités européennes d’échanger davantage entre pairs. Les membres de l’Efus appellent aussi à une meilleure coordination entre d’une part les différents organismes publics qui interviennent en cas de crise, et d’autre part entre les états membres de l’UE pour mieux répondre à ce type de crise par nature transfrontalière.
Les autres principales recommandations pour améliorer la coopération transfrontalière sont de :
Établir une analyse partagée des risques existants
● Il est important d’identifier les risques affectant une localité et les moyens de réponse disponibles, d’actualiser cette information régulièrement et surtout de la partager avec tous les acteurs concernés.
Sensibiliser les élus sur leur rôle en cas de crise
● Sont-ils pleinement conscients de leurs responsabilités en cas de crise ? Notamment, sont-ils conscients de leur responsabilité civile et pénale en matière de prévention des risques et de préparation de plans adaptés ?
● La dimension transfrontalière est-elle intégrée dans leur plan local de sauvegarde et d’urgence ?
Établir une culture partenariale entre les services d’urgence
● Il est essentiel d’établir des protocoles de coopération, en prenant en compte d’un côté les compétences respectives des autorités locales, régionales ou nationales, et de l’autre les autorités opérationnelles. Les élus locaux, et notamment les maires, sont responsables de la sûreté des citoyens. Les efforts doivent être coordonnés tout en respectant les prérogatives de chaque niveau de gouvernance.
Le rôle des collectivités pendant la pandémie de Covid-19 ● Les collectivités territoriales ont été en première ligne dans la réponse à la pandémie de Covid et lors des confinements. Elles ont prouvé leur capacité de mobilisation : elles ont élaboré des mesures et des dispositifs locaux d’urgence pour aider les groupes de population les plus affectés par la crise. ● La coopération de crise transfrontalière a mieux fonctionné dans les villes où il existait déjà un cadre de coopération et des règles et des pratiques de travail communes. ● La crise sanitaire a mis en lumière le rôle clé joué par les collectivités dans la réponse aux besoins des citoyens en cas de crise parce qu’elles sont le niveau de gouvernance le plus proche de ces derniers. |
Les différences en matière de législation peuvent freiner la coopération transfrontalière
● Même si les services d’urgence peuvent travailler ensemble efficacement sur le terrain, il est important de prendre en compte les différences en matière de régulation entre les différents états membres. Il n’existe pas à l’heure actuelle de cadre réglementaire pan-européen couvrant l’intervention des services d’urgence dans différents pays, ce qui peut être un frein. Par exemple au Portugal, les services d’urgence sont largement gérés à l’échelle nationale et de façon centralisée, alors qu’en Espagne voisine, les régions ont un large degré d’autonomie et de pouvoir.
L’exemple du projet PACTESUR
L’Efus a présenté le projet PACTESUR co-financé par l’UE sur la protection des espaces publics contre le terrorisme et autres menaces, qui est mené par la Ville de Nice et dans lequel l’Efus est partenaire. C’est un exemple de la façon dont tous les acteurs concernés peuvent renforcer la sécurité en travaillant ensemble.
PACTESUR réunit trois villes partenaires (Turin, Nice et Liège) et 11 villes associées (Athènes, Edimbourg, Essen, Gdańsk, Leeds, Lisbonne, Londres, Madrid, Munich, Riga et Xàbia) qui échangent des connaissances et des pratiques. L’une des activités consiste à organiser des académies de police dans différentes villes européennes. La dernière a eu lieu à Liège en mai et a réuni une cinquantaine d’agents de différentes polices municipales européennes pour des exercices sur trois jours.
À propos de la European Crime Prevention Conference
La conférence biennale de l’EUCPN offre un forum européen d’échange de connaissances et d’expériences en matière de prévention de la délinquance. L’EUCPN est un réseau qui connecte les niveaux local, national et européen et promeut les connaissances et les pratiques en matière de prévention dans les pays membres de l’UE.