Webinaire PRACTICIES/toolbox nº2 Les agoras citoyennes : un outil pour renforcer la participation démocratique

toolbox_prova


Le deuxième webinaire « toolbox » du projet PRACTICIES consistait en une présentation de l’outil des agoras citoyennes par les professeurs Markus Pausch et Heiko Berner de l’Université des Sciences Appliquées de Salzbourg (AT).


> Un outil de prévention efficace

Dans cette vidéo d’une heure, les deux universitaires, qui sont intervenus en tant qu’experts dans le projet PRACTICIES, détaillent les caractéristiques, bénéfices et modes de mise en oeuvre des agoras citoyennes et donnent un certain nombre d’exemples concrets déjà mis en place par les villes et régions partenaires du projet.
Les agoras citoyennes constituent un outil intéressant pour prévenir de façon précoce l’extrémisme et la radicalisation violente parce qu’elles ouvrent un espace pour la participation citoyenne inclusive et la responsabilisation au niveau local. Elles peuvent prendre différentes formes (Conseils des Jeunes, autres types de réunion publique, programmes éducatifs dans les quartiers ou les écoles…) « mais quelle que soit leur forme, les agoras citoyennes offrent une expérience démocratique et une opportunité de se responsabiliser et de renforcer son efficacité personnelle », affirme Markus Pausch.


> Les quatre composantes d’une agora citoyenne

Une agora citoyenne a quatre composantes : 1) information et sensibilisation, 2) dialogue et responsabilisation, 3) voix et participation, et 4) réseaux et capital social.

1) Information et sensibilisation

Il est important que tous les citoyens connaissent leur système politique et leurs droits, mais ceci est loin d’être le cas, en particulier parmi les groupes de population les plus défavorisés.
Comment ? Pour y remédier, on peut organiser des points d’information ou des campagnes de communication.

2) Dialogue et responsabilisation
Il s’agit d’écouter et d’échanger avec les groupes vulnérables ou socialement désavantagés. Le dialogue, notamment avec les jeunes, doit tolérer les opinions contraires et les conflits.
Comment ? Ceci peut se faire au travers d’ateliers ou en cherchant à communiquer directement avec le public-cible, notamment les jeunes, soit de façon présentielle soit en ligne. Il convient de définir une méthode, le ou les groupes cibles, et de créer un espace sûr pour l’échange. Il est important d’obtenir le soutien d’autres institutions, telles que l’école ou les services d’assistance sociale.

3) Voix et participation
Ceci signifie que les personnes affectées par une décision politique participent à celle-ci. Mais même dans un système démocratique, tous les citoyens n’ont pas les mêmes possibilités de faire entendre leur voix. Les autorités locales et régionales peuvent mettre en place des mesures pour faire participer les citoyens à la prise de décision et inclure leurs suggestions dans leurs politiques.
Comment ? Il existe de nombreuses formes de participation citoyenne, notamment pour toucher les jeunes qui constituent une cible prioritaire en matière de prévention de la radicalisation. Les programmes d’éducation à la citoyenneté dans les écoles et les Conseils de la Jeunesse sont déjà relativement répandus dans les municipalités européennes. Le principal défi consiste à atteindre les groupes les plus défavorisés. Il est aussi important de créer un environnement de confiance où les participants peuvent exprimer des opinions contraires, critiques, voire provocatrices.

4) Réseaux et capital social
Travailler en réseau permet d’accroître son « capital social », c’est-à-dire les relations que l’on entretient avec d’autres individus ou groupes avec lesquels on est en affinité. La notion de capital social est importante en matière de prévention précoce parce que cette dernière l’utilise souvent soit comme un moyen, soit comme un but.
Comment ? Il convient de définir l’objectif que l’on cherche à atteindre : s’agit-il par exemple de renforcer les contacts individuels ou bien entre les différentes institutions au sein d’une communauté ? Il est aussi important de mesurer si la démarche contribuera à renforcer la cohésion sociale. Enfin, il est important d’associer les représentants des groupes cibles au processus de préparation des interventions précoces.


> La confiance : un aspect crucial

Un enseignement clé des expériences d’agora citoyenne est celui de la confiance. Il est en effet indispensable d’instaurer un climat de confiance avec les publics que l’on cherche à atteindre, notamment les jeunes, et cela signifie créer un espace où les participants puissent s’exprimer sans craindre d’être jugés. Il convient donc d’utiliser une approche méthodologique qui permette à chacun d’exprimer leurs besoins, qui peuvent être par exemple des problèmes quotidiens, ou avec les parents, ou encore des tabous, et leurs opinions.
Il est aussi important, remarquent Markus Pausch et Heiko Berner, d’avoir conscience que « les jeunes des différents quartiers d’une ville ne constituent pas un groupe homogène mais différents groupes qui peuvent être majoritaires ou minoritaires. Il convient donc de veiller à protéger les minorités pour qu’elles puissent exprimer leurs opinions ». En résumé, « il ne s’agit pas de chercher à établir la paix mais plutôt de tolérer le conflit, l’ouverture et la sincérité ».


> Laisser s’exprimer la révolte

Beaucoup de jeunes ne sont pas habitués à exprimer leurs opinions d’une façon qui corresponde aux normes du débat démocratique. Il est important de prendre cela en compte pour ne pas réprimer l’expression d’opinions contraires.
Il faut donc veiller à ne pas chercher le compromis à tout prix mais au contraire à laisser s’exprimer des voix contraires et révoltées, surtout lorsqu’il s’agit de jeunes. Il faut même encourager les arguments contraires et les idées non conventionnelles, auxquelles on peut répondre de façon constructive. « Le dialogue est plus important qu’un résultat », affirment Markus Pausch et Heiko Berner.


> L’importance de l’évaluation

L’évaluation fait partie intégrante d’un projet et constitue un aspect très important. Elle devrait résulter d’un dialogue entre toutes les parties prenantes plutôt qu’un contrôle. Les méthodes d’évaluation varient selon la nature d’un projet et les activités, et il en existe de nombreuses.
Quelles qu’elles soient, Markus Pausch et Heiko Berner recommandent de mener des entretiens avec différents groupes concernés (organisateurs, acteurs, groupes cibles), de collecter les données de façon systématique (enquêtes, articles de presse…) et de garantir aux participants qu’ils pourront s’exprimer de façon ouverte et anonyme.
Dans le domaine de la prévention de la radicalisation et de l’extrémisme, l’évaluation doit être élaborée en collaboration avec des universitaires, des acteurs de terrain et les partenaires pertinents ; elle doit comprendre une évaluation conceptuelle, du process et des résultats ; elle doit comprendre une dimension qualitative en raison de la nature sensible du sujet, et enfin il convient d’y associer des experts expérimentés.


>>> En savoir plus sur le projet PRACTICIES
>>> En savoir plus sur les webinaires PRACTICIES


>>> Visionner le Webinaire (enregistré)