Paris, France, mai 2020 – Alors que la plupart des villes européennes lèvent progressivement les mesures de confinement, à quoi peut ressembler la vie nocturne dans cette période « post-Covid » ? Quels enjeux cela pose-t-il aux villes européennes ? Comment combiner la vie nocturne et les nécessaires mesures de précaution ? L’Efus et la Plateforme de la Vie Nocturne, un partenaire de longue date, ont organisé deux sessions de travail en ligne sur les défis et l’impact de la levée du confinement sur la vie nocturne, les 25 et 27 mai.
> Adapter la vie nocturne à l’environnement post-Covid
À travers l’Europe, les autorités locales réfléchissent à comment organiser le retour à la « normale » tout en protégeant le public du coronavirus, qui est loin d’être éradiqué. Cette période est particulièrement délicate pour la vie nocturne : l’utilisation des espaces publics, les habitudes de consommation et de fête la nuit, les relations sociales et le tourisme de la vie nocturne vont nécessairement changer dans cette période, et les autorités locales doivent adapter leur réponse au contexte post-Covid.
Voici les principales orientations et idées qui sont ressorties des deux sessions de travail.
> Dialoguer avec tous les acteurs de la nuit
Les autorités locales, lorsqu’elle planifient et mettent en oeuvre les étapes de la réappropriation des espaces publics par les citoyens, doivent dialoguer avec tous les acteurs de la nuit, notamment les propriétaires et gestionnaires de lieux de nuit et autres professionnels du secteur, ainsi que les représentants des riverains et les associations pertinentes.
Il est important que les messages de sûreté soient clairs et cohérents afin de protéger le public et que les mesures de sécurité soient bien comprises et appliquées. Il est également important que les autorités locales s’appuient sur des données probantes et ajustent leurs messages aux spécificités locales. Le groupe de travail suggère la mise en place d’espaces publics nocturnes « pop-up » ou temporaires à l’exemple de Bari (IT), où une arène temporaire a été érigée pour des spectacles de théâtre, et Rome (IT), qui envisage de mettre en place des cinémas de plein air.
> Habitudes de consommation et prévention des risques après le confinement
Il convient de développer des outils et des méthodes de prévention des risques qui soient adaptées à cette période sans précédent. Le groupe de travail suggère de créer des espaces en ligne où les fêtards puissent obtenir des conseils sur la consommation de substances auprès de professionnels. On peut aussi diffuser en ligne des campagnes de sensibilisation et de réduction des risques.
Un autre aspect dont les autorités locales doivent tenir compte est celui des heures d’activité de nuit. Il est en effet très possible que la vie nocturne se déplace vers des heures plus tardives la nuit, jusqu’ici généralement calmes. En réponse, certaines villes proposent d’avancer les heures d’ouverture et de fermeture plus tôt dans la soirée, ce qui pourrait encourager les fêtards à adopter des comportements plus sûrs. Par ailleurs, les autorités locales doivent aussi prendre en compte l’augmentation des fêtes privées chez les gens, qui sont évidemment plus difficiles à contrôler.
Un autre thème important est celui des relations avec les riverains. Certaines villes font déjà état d’une augmentation du nombre de plaintes pour nuisance sonore. Il est donc d’autant plus important que les autorités locales encouragent le dialogue entre lieux nocturnes et résidents.
> Faire en sorte que le public respecte les mesures de sécurité
Pendant le confinement, c’est essentiellement la police qui était chargée d’appliquer les mesures de sécurité telles que la distanciation physique. Avec la levée du confinement et le retour progressif à une vie plus ou moins normale, cette responsabilité sera partagée avec les professionnels du secteur de l’hôtellerie-restauration et autres qui sont en contact avec le public. En Italie par exemple, le rôle des « assistants civiques » volontaires qui seraient chargés de la bonne application des mesures de sécurité de jour comme de nuit fait débat.
Le groupe de travail sur la vie nocturne souligne que le personnel des établissements de nuit doit avoir une formation adéquate mais reconnaît que l’élaboration de telles formations prendra un certain temps.
> De nombreux lieux de nuit pourraient fermer
Certains participants au groupe de travail ont souligné que de nombreux établissements de nuit considèrent que les mesures de sécurité sont trop strictes et difficiles à appliquer et qu’ils déplorent un manque de cohérence ou de clarté entre les mesures décidées à l’échelle nationale et celles décidées à l’échelle locale ou régionale. Certains établissements ne pourront pas assumer le coût de telles mesures et seront obligés de fermer de façon permanente.
Les autorités locales doivent aussi trouver le bon équilibre entre les mesures nécessaires, le désir de certains (notamment les jeunes) de « revenir à la normale » et les craintes d’autres groupes de population, notamment les touristes, qui hésitent à sortir la nuit.
> Partage d’expériences et de recommandations
Des échanges fructueux ont eu lieu pendant ces deux sessions de travail, qui ont permis à l’Efus d’identifier les principaux enjeux de la vie nocturne en cette période d’après-confinement et de partager des recommandations et exemples de pratiques de toute l’Europe. Ceux-ci peuvent être une source d’inspiration pour les villes européennes qui doivent gérer la délicate transition entre le confinement et un retour à la normale en toute sécurité.
Tous les participants sont convenus qu’il serait intéressant de se réunir à nouveau dans quelques mois pour échanger et évaluer l’impact à long terme de la pandémie sur la vie nocturne et l’efficacité des mesures de prévention mises en place par les villes.
> Pour plus d’information, voir le compte-rendu des sessions de travail
En savoir plus sur le groupe de travail « vie nocturne » de l’Efus
> La Plateforme de la Vie Nocturne sur Facebook