L’impact des campagnes de discours alternatifs de LOUD évalué par les experts du projet

Juillet 2021 – Les campagnes de discours alternatif créées par des jeunes citoyens de neuf villes européennes partenaires du projet LOUD, mené par l’Efus, pour promouvoir l’inclusivité et la tolérance contre les discriminations et l’extrémisme ont eu un impact positif sur les publics ciblés mais aussi pour les jeunes participants et les villes partenaires. La conclusion principale du rapport d’évaluation des experts, finalisé en juin, est en effet que ces campagnes « ont été réussies, à la fois en ligne et hors ligne » et que « la plupart des acteurs ont été très satisfaits des campagnes et des leçons apprises pendant le projet ».

Les experts* ont aussi noté que le fait que ces campagnes ont été produites est en soi un succès dans la mesure où la pandémie de Covid-19 a empêché les réunions présentielles pendant une grande partie du projet, qui s’est achevé en juin après deux ans et demi de travail.

Les campagnes

Cofinancé par le programme européen Erasmus+, LOUD avait pour objectif de favoriser des environnements inclusifs pour les jeunes afin d’empêcher qu’ils ne dérivent vers l’intolérance et les comportements extrémistes. Pour ce faire, le projet a cherché à renforcer les capacités des autorités locales à mobiliser des jeunes citoyens pour la prévention des discriminations et de l’extrémisme en créant des campagnes de discours alternatif.

Les neuf villes partenaires – Louvain (BE), L’Hospitalet de Llobregat (ES), Augsbourg, Düsseldorf (DE), Pella (GR), Rosny-sous-bois, Montreuil, Lille et Valenciennes Métropole (FR) – ont mobilisé 114 jeunes citoyens qui ont conçu et produit des campagnes de discours alternatif sur l’inclusion, la diversité et l’égalité diffusées sur les réseaux sociaux et par affiches dans les espaces publics.

Objectifs de l’évaluation

L’évaluation avait trois objectifs. Le premier était d’évaluer l’impact des campagnes locales sur les groupes cibles, c’est-à-dire les jeunes citoyens des villes partenaires et la société locale. La campagne a-t-elle contribué à la réflexion sur soi et à la pensée critique ? Les gens réalisent-ils le mal qu’ils font aux autres avec leurs discours de haine ? Leur aptitude à identifier les discours de haine et à y réagir est-elle renforcée ?

Le deuxième objectif était d’évaluer la participation des jeunes qui ont conçu et produit les campagnes avec des indicateurs quantitatifs tels que le nombre de participants dans chacun des neufs groupes locaux ou le nombre d’ateliers et de sessions de formation, et des indicateurs qualitatifs tels que « En quoi la campagne a-t-elle changé votre opinion ? » ou « Êtes-vous satisfait de votre participation à la campagne » ?

Le troisième objectif était de mesurer si le fait de mobiliser des jeunes pour faire campagne pour la tolérance et contre les discriminations et l’extrémisme est un outil intéressant et efficace pour les collectivités. Des indicateurs qualitatifs ont été utilisés ici, avec de courts entretiens sur des questions telles que « Êtes-vous satisfait du processus ? », ou « Comment cette action influence-t-elle votre stratégie de prévention ? »

De plus, certaines des campagnes ont été revues par des pairs d’une autre ville partenaire. Par exemple les jeunes de L’Hospitalet ont donné leur feedback sur la campagne de Louvain, ceux de Louvain sur Pella, et ceux de Valenciennes sur Lille.

Principaux résultats

Dans la mesure où le projet a produit neuf campagnes différentes, il y a neuf ensemble de résultats qu’il serait impossible de résumer ici. Mais voici quelques exemples.    

La campagne de Louvain a été vue 749 fois sur Facebook et 144 fois sur YouTube et a été mentionnée dans la presse locale. Les jeunes de L’Hospitalet ont jugé que « les histoires sont émouvantes et qu’elles expriment et encouragent l’empathie ».

La campagne de L’Hospitalet a été vue 2314 fois sur YouTube, Instagram et Twitter avec un temps de visionnage de 13,8 heures (pendant la période d’observation). Les jeunes de Pella qui ont vu la campagne ont affirmé qu’ils « n’étaient pas au courant du micro-racisme auparavant » et que la campagne était « très communicative et a fait passer le message tel que prévu ».  

La campagne de Montreuil a atteint 4000 personnes sur Facebook et 2000 sur Instagram et a été vue plus de 1000 fois sur Facebook et sur Instagram. Elle n’a pas été évaluée par des jeunes d’autres villes partenaires de LOUD mais la Ville de Montreuil s’est déclarée très satisfaite de la campagne elle-même et du processus consistant à mobiliser des jeunes citoyens locaux pour un tel projet. Les vidéos produites sont « un véritable outil que la municipalité a l’intention d’utiliser à l’avenir dans différents types d’occasion, par exemple pendant des ateliers réunissant des jeunes et des professionnels ».  

Enseignements

Les experts ont tiré de cette évaluation une série de recommandations qui peuvent être utiles à toute collectivité souhaitant initier un projet similaire fondé sur la participation de jeunes citoyens, notamment :  

  • Les jeunes qui participent à de tels projet doivent recevoir une distinction sous une forme ou une autre, par exemple un certificat de participation, ou des bons à échanger, ou autre cadeau de remerciement.
  • Une approche participative vaut mieux qu’une campagne imposée aux jeunes. Ceux-ci doivent participer à la planification, la mise en œuvre et la dissémination de la campagne dès le départ.
  • Les maires et les responsables politiques locaux sont des acteurs clés et doivent toujours être impliqués, informés et convaincus de la nécessité des activités.

*Shani Benoualid, Conseillère pour le numérique et les réseaux sociaux à la Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine Anti-LGBT (DILCRAH), et Markus Pausch, professeur de Sciences politiques à l’Université des Sciences Appliquées de Salzbourg (Autriche)

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