Louvain, Belgique, octobre 2020 – Un groupe d’acteurs de la sécurité de la ville de Louvain (Belgique) – personnel de divers services municipaux, agents de la police locale, médiateurs locaux, représentants d’associations de jeunesse et membres de Leuven Restorative City, un réseau d’organisations qui promeut l’approche restaurative pour gérer les conflits – ont participé à une formation sur la polarisation et l’approche restaurative, le 30 septembre.
Il s’agissait de la première étape du projet pilote BRIDGE que la ville va mettre en place dans les mois à venir dans l’objectif de prévenir la polarisation de façon durable.
Interventions du maire de Louvain et de l’expert Tim Chapman
La session a été introduite par le maire de Louvain, Mohamed Ridouani, qui s’est félicité du travail mené par la mairie pour mettre en place le projet pilote BRIDGE. Il est à noter que Louvain a récemment été nommée Capitale européenne de l’innovation pour ses « solutions innovantes face aux défis sociaux, fondées sur le dialogue et la participation citoyenne ».
Ensuite, l’expert BRIDGE Tim Chapman, président du Forum européen pour la justice restaurative (European Forum for Restorative Justice) et un spécialiste réputé des pratiques restauratives, a expliqué en quoi ces pratiques sont utiles pour répondre à la polarisation. « La polarisation est fondée sur l’idée que le problème, c’est l’autre personne ou l’autre groupe, et que l’autre est une menace. Cela mène à la peur et à la déconnexion avec la société locale. La polarisation est nocive et fait souffrir », a-t-il dit.
Utiliser les pratiques restauratives pour guérir la polarisation
La justice restaurative est un processus au cours duquel les délinquants et les victimes, que ce soit des individus ou des groupes, dialoguent dans le but de « faire face aux conséquences d’un crime ou délit et ses implications pour l’avenir »[1]. Tim Chapman a expliqué que trois éléments sont en jeu dans un tel processus, qui doit être participatif et inclusif : 1) défaire l’injustice, 2) construire des relations justes et 3) faire durer de telles relations justes.
L’une des méthodes que l’on peut employer est celle du « community circle » (cercle communautaire). Le cercle, où la participation est volontaire, comprend la victime et son entourage (famille et amis) ainsi que le ou les auteurs du délit et leur entourage. La séance est annimée par un « gardien du cercle ». Chacun à leur tour, les participants sont invités à dire leur vérité, mais ils peuvent aussi garder le silence s’ils le souhaitent.
Un exercice pratique de travail au sein d’un partenariat pluridisciplinaire
La session s’est achevée avec un exercice pratique où les participants devaient élaborer une stratégie transversale, impliquant plusieurs organisations/institutions, pour désamorcer une situation fictive de crise. Ils devaient décrire leur rôle, leurs ressources et leur méthode de travail et nommer les principaux acteurs avec lesquels ils souhaitaient élaborer une solution de long terme.
Les objectifs de cet exercice étaient de :
● aider les participants à mieux comprendre les bénéfices et limites d’une intervention de leurs collègues ;
● promouvoir le travail collaboratif entre les différents services municipaux et avec tous les acteurs pertinents ;
● aider les participants à mieux comprendre le rôle et le point de vue d’autres acteurs impliqués dans la gestion de la crise ;
● faciliter l’échange de vues et construire un consensus et une réponse commune.
La méthodologie et la technique de brainstorming utilisés pour cet exercice pourront être adaptés pour d’autres sessions BRIDGE, y compris celles qui auront lieu en ligne en raison des restrictions liées au Covid-19.
Plus d’information sur le projet BRIDGE
Forum européen pour la justice restaurative (avec une interview de Tim Chapman)
Leuven Restorative City
[1] Selon la définition consacrée de la justice restaurative (ref. Marshall, 1999).