« Il faut éduquer dès la maternelle à la tolérance et la non-discrimination » Entretien avec Laura García Manota, conseillère municipale Jeunesse, Éducation et Sports, L’Hospitalet de Llobregat (Espagne)

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> Quelles sont les caractéristiques socio-économiques de la population jeune de L’Hospitalet ?

L’Hospitalet est la deuxième plus grande ville de Catalogne avec 252 171 habitants, dont 66 376 jeunes. Dans ce groupe, la tranche des 25-29 ans est la plus importante, tandis que la plus réduite est celle des 15-19 ans. Il est aussi important de noter que 33,5% des jeunes de L’Hospitalet sont de nationalité étrangère, et 43,2% nés dans un pays étranger.
En matière d’emploi, 76,3% de la population jeune est active, dont 50,1% en emploi, contre 26,2% au chômage. À l’inverse, 23,7% des jeunes sont inactifs, dont 13% sont étudiants.


> Vous travaillez de près avec les jeunes de L’Hospitalet. Quelles sont leurs priorités selon vous ?

Pour les jeunes d’ici, la priorité est d’avoir une égalité des chances dans tous les domaines et de pouvoir s’émanciper. Cela veut dire accéder à une formation qui les motive et les aide à progresser professionnellement, trouver un travail qui offre des conditions dignes, accéder à un logement et avoir du temps pour leurs loisirs. Certains aspects sont plus importants que d’autres selon la tranche d’âge, mais il s’agit dans le fond d’avoir des opportunités de vivre sa vie pleinement, au quotidien.


> Y a-t-il à L’Hospitalet des incidents de discrimination ou de violences contre des minorités ? Quelle est la politique municipale en la matière ?

L’Hospitalet a toujours été une ville accueillante. Ainsi dans les années 1950, elle a accueilli de nombreux nouveaux venus d’autres régions d’Espagne. Les problèmes de cohabitation ne sont jamais allés plus loin que les habituelles frictions entre voisins, liées pour la plupart aux incivilités et à l’utilisation de l’espace public.
Ceci étant, on ne peut pas non plus dire qu’il n’existe à L’Hospitalet aucun cas de discrimination pour divers motifs, couleur de peau, orientation sexuelle ou autre, comme dans toute autre ville. C’est pour cette raison que la mairie développe et collabore à un certain nombre de projets avec divers groupes issus de la société civile, notamment les associations de voisins.


> L’Hospitalet participe au projet LOUD, mené par l’Efus, qui permet à des jeunes de différentes villes européennes de créer des campagnes de discours alternatifs à l’extrémisme. Quels sont les bénéfices d’un tel projet européen de coopération pour L’Hospitalet ?

Les jeunes qui participent à LOUD disent avoir souffert à un moment ou un autre de discrimination en raison de leur pays d’origine ou de leur couleur de peau. Participer à ce projet peut nous aider à rendre ces situations visibles et à sensibiliser la population contre la discrimination pour que nous construisions tous ensemble des discours alternatifs. En fin de compte, il s’agit de créer une société plus respectueuse et égalitaire.


> Indépendamment du projet LOUD, les jeunes de L’Hospitalet sont-ils d’après vous mobilisés contre la discrimination et le radicalisme ?

Oui c’est une jeunesse mobilisée en faveur de la tolérance et contre les discriminations, notamment au sein de nombreuses associations. Je citerais la Coordination des Organisations Progressistes (Coordinadora de Entidades Progresistas, CEP), qui coordonne diverses associations œuvrant pour l’égalité. Au sein de la CEP, celles-ci sont organisées en fonction de diverses thématiques, par exemple les droits du collectif LGBT+, les droits des femmes ou encore la liberté animale. Il existe de nombreuses autres associations, comme par exemple celle des étudiants de L’Hospitalet, qui mènent des actions pour la tolérance et contre les discriminations.


> Vous êtes très active dans la lutte contre la violence de genre. S’agit-il d’un problème particulièrement grave à L’Hospitalet ? Quelles actions mène la mairie dans ce domaine ?

Malheureusement, à L’Hospitalet comme dans toute autre ville, la violence de genre est un problème très grave et préoccupant. C’est pourquoi la mairie agit pour que le Centre de Soutien et d’Information pour les Femmes (Centro de Atención e Información para la Mujer, CAID) de la ville puisse fournir un accompagnement et une assistance de qualité. C’est un centre de référence par la qualité de ses interventions individuelles et en groupe et par l’ampleur de celles-ci, qui vont de l’assistance à la formation grâce à une équipe pluridisciplinaire.


> Quel serait votre message aux autres villes membres de l’Efus à propos des violences discriminatoires et des jeunes ?

Les jeunes sont notre présent et notre avenir et c’est pourquoi toutes les institutions publiques doivent collaborer pour qu’ils puissent s’épanouir au mieux. Pour cela, le travail doit se faire de façon transversale et bien coordonnée. Il faut commencer à travailler sur ces questions dès l’école maternelle afin de transmettre aux enfants des valeurs de tolérance et de respect. C’est une responsabilité que partagent toutes les institutions publiques mais aussi les citoyens afin d’éliminer véritablement les discriminations.