Drogue : ouverture d’une salle de consommation à moindre risque à Bruxelles

Bruxelles, Belgique, mai 2022 – Correspondant à une approche de réduction des risques en matière de drogues et fruit d’années de travail préparatoire par la Ville de Bruxelles avec le soutien de la Région Bruxelles Capitale, la salle de consommation à moindre risque (SCMR) Gate a ouvert le 5 mai à Bruxelles. 

Il s’agit de la deuxième SCMR de Belgique après celle de Liège, qui a ouvert en 2018 (voir encadré ci-dessous). Il existe actuellement une centaine de SCMR en Europe1

L’Efus en faveur des SCMR

L’Efus, qui travaille sur la question des drogues depuis sa création en 1987, défend de longue date la mise en place de salles de consommation à moindre risque dans le cadre d’une politique sur les drogues globale, fondée sur une approche équilibrée entre prévention, sanction et cohésion sociale. 

Le Comité exécutif a notamment pris position en faveur des SCMR dans une résolution de 2018, affirmant que celles-ci « ont déjà donné des résultats prometteurs dans plusieurs pays européens ». 

De plus, le Manifeste Sécurité, Démocratie et Villes, co-produire les politiques de sécurité urbaine affirme que « l’expérimentation de la mise en place des salles de consommation supervisée doit être poursuivie et évaluée afin de garantir leur réussite et durabilité ». Le Manifeste insiste notamment sur la nécessité « d’accompagner les structures porteuses dans la rencontre et la concertation avec l’ensemble des partenaires, y compris les habitants et les commerçants » afin d’assurer la tranquillité publique et d’associer « les riverains à l’évaluation des impacts sur le territoire ». 

Le projet européen SOLIDIFY

L’Efus a également conçu et piloté le projet SOLIDIFY (janvier 2018 – mars 2020), cofinancé par la Commission européenne, dont les objectifs étaient d’outiller les villes accueillant une SCMR pour qu’elles accompagnent et facilitent l’installation des structures porteuses d’un tel dispositif sur leur territoire et de les aider à évaluer les impacts sur celui-ci.

La Ville de Liège, la Région de Bruxelles et Bruxelles Prévention & Sécurité étaient partenaires de ce projet, dont les recommandations et les enseignements ont été utilisés par les porteurs de la SCMR Gate de Bruxelles.  

Un lieu d’accueil, de socialisation et de soins

La SCMR bruxelloise offre plus qu’un espace de consommation supervisé. C’est aussi un lieu d’accueil, de socialisation et de soins. Encadré par une équipe pluridisciplinaire, de médecins, d’assistants sociaux, d’éducateurs et de personnel infirmier, elle se veut « une porte d’entrée vers le mieux-être pour les publics fragilisés en situation de vulnérabilité ou désaffiliés ».

La Ville de Bruxelles s’appuie sur deux opérateurs historiques et expérimentés pour en assurer le fonctionnement : l’association Transit accueille les usagers de la salle et les aide notamment dans leurs démarches administratives, et la Maison d’Accueil Socio-Sanitaire (MASS) assure la prise en charge médicale. 

Un partenariat solide

Le projet a vu le jour grâce à une étroite collaboration entre tous les acteurs et niveaux de pouvoir concernés. Un protocole de collaboration délimitant les compétences de chacun et organisant le fonctionnement du dispositif a été signé. Il porte une attention particulière à la sécurité dans et aux abords de la SCMR. Notamment, il définit une Zone d’Attention Prioritaire dans laquelle la police veillera au respect de la tranquillité publique et à la lutte contre le trafic de drogues.

« Agir dans l’intérêt de tous » 

Le Bourgmestre de la Ville de Bruxelles, Philippe Close  a déclaré qu’ « il fallait agir dans l’intérêt de tous, sans ‘invisibiliser’ les personnes dépendantes aux drogues vivant en situation de grande précarité. Gate va leur offrir un lieu médicalisé, supervisé par des professionnels de la santé, accessible sans prérequis administratif. Le dispositif va les accompagner vers un mieux-être et permettre d’initier des trajectoires de soins, des remises en ordre socio-administrative, de travailler sur l’accès au logement ».

« Pacifier l’espace public »

Pour le Ministre Président de la Région de Bruxelles-Capitale, Rudi Vervoort, « la SCMR offre un accès aux soins dans la dignité et constitue une opportunité de pacification de l’espace public. Située à proximité de scènes ouvertes de consommation (Gare du Midi, Anneessens, Lemonnier, Stalingrad…), le lieu supervisé et encadré offre des perspectives de resocialisation, de remise en ordre socio administrative, d’accompagnement vers un mieux-être et vers des solutions d’hébergement. » 

> Plus d’information sur la SCMR Gate sur le site de l’association Transit 

> La résolution du CE de l’Efus en faveur des SCMR (novembre 2018)

> Plus d’informations sur le projet SOLIDIFY

> Lire aussi notre article sur le symposium européen de Strasbourg sur les SCMR (2019) 

Les partenaires du projet PACTESUR visitent la salle de consommation à moindre risque Såf ti* de Liège

Dans le cadre de la Semaine européenne de la sécurité de PACTESUR, les partenaires du projet ont visité la salle de consommation à moindre risque (SCMR) de Liège, qui a ouvert en 2018. 

Pilotée par la Fondation TADAM et supervisée par une équipe paramédicale et médicale, elle dispose de deux salles intérieures fermées, une pour l’inhalation et l’autre pour l’injection. L’objectif est d’assurer la prise en charge sanitaire et sociale des usagers tout en diminuant les nuisances sur l’espace public

Ce projet avait débuté en 2013 après des années de discussions médicales, administratives et légales avec les autorités fédérales et locales, sous la forme d’un centre de délivrance contrôlée d’héroïne et méthadone. 

Les porteurs du projet estiment que quatre ans après sa mise en service, la SCMR liégeoise a fait ses preuves non seulement en matière de suivi social et médical des usagers mais aussi de pacification de l’espace public. Un effort tout particulier a été fait pour gagner l’adhésion des résidents du quartier, avec notamment des échanges réguliers avec un éducateur de rue. 

> Plus d’informations sur le site de la Ville de Liège 


*  Qui signifie en wallon liégeois  « protège-toi » et fait référence à l’anglais « safety » qui signifie sécurité/protection/bien-être


1 Voir notamment la publication (2018) de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction, EMCDDA).