Paris, France, décembre 2018 – L’Efus a organisé un événement de clôture du projet Medi@4sec sur les technologies et la sécurité intitulé « Le futur des données : le cas de la sécurité urbaine » le 7 décembre à Montreuil. Il a aussi été l’occasion de lancer son nouveau groupe de travail « Innovation et Sécurité » destiné à poursuivre les travaux entamés dans ce projet et à élargir le champ de la réflexion.
> Des professionnels et experts de six pays européens
L’atelier a réuni une vingtaine de professionnels et d’experts de l’innovation en sécurité urbaine, de l’usage des réseaux sociaux en matière de sécurité, et de la cybersécurité venus de six pays européens : Belgique, France, Italie, Pays-Bas, Portugal et Royaume-Uni.
Le programme comprenait une présentation générale du projet, de ses résultats, pratiques et recommandations, des « zooms » sur des thèmes spécifiques abordés dans le projet, ainsi qu’un atelier sur les besoins des acteurs locaux de la sécurité et la manière dont les réseaux sociaux peuvent y répondre.
> Des villes en mutation technologique
Quelques données permettent de mesurer l’ampleur de la mutation technologique qui transforme tous les aspects de notre vie, et notamment la vie urbaine et la sécurité. Ainsi, en 2018, le nombre d’internautes a dépassé la barre des 50% de la population mondiale avec un chiffre de 3,9 milliards, soit 51,2% de la population, selon les Nations Unies. En Europe, le taux de pénétration d’internet atteignait 87% en 2017, selon les dernières statistiques d’Eurostat. À l’échelle mondiale, les réseaux sociaux comptent 2,9 milliards d’abonnés, soit 39% de la population, tandis que Facebook compte deux milliards d’utilisateurs actifs.
La plupart des villes européennes ont développé des plateformes et des applications en ligne pour améliorer la qualité de leurs services publics tels que les transports, l’environnement, la santé, la gouvernance et, dans une moindre mesure, la sûreté et la sécurité.
Devenues « intelligentes » (smart cities), les villes ont maintenant la capacité d’interagir comme jamais auparavant avec les habitants et d’adapter leurs réponses en temps réel. La Commission nationale informatique et liberté (CNIL), en France, définit ainsi le concept de ville intelligente : « Le périmètre couvrant ce nouveau mode de gestion des villes inclut notamment : infrastructures publiques (bâtiments, mobiliers urbains, domotique, etc.), réseaux (eau, électricité, gaz, télécoms) ; transports (transports publics, routes et voitures intelligentes, covoiturage, mobilités dites douces – à vélo, à pied, etc.) ; les e-services et e-administrations. »
> Quelques pratiques de villes européennes
Plusieurs villes européennes ont présenté leurs initiatives innovantes en matière d’usage des technologies pour la sécurité, notamment Turin (IT), La Haye (NL) et Rotterdam (NL).
- Turin : une plateforme d’exploitation des données créée par la police
La police de cette ville italienne a créé une plateforme d’exploitation des données qui permet de recenser les différents types d’alerte afin de mieux mesurer le sentiment d’insécurité sur le territoire et d’en faire une cartographie.
Une partie des données est collectée sur les réseaux sociaux et permet de recueillir le sentiment des citoyens face, par exemple, au blocage d’une rue par la police municipale.
Cette plateforme est un outil efficace pour orienter les politiques de lutte contre le sentiment d’insécurité.
- La Haye : les citoyens en contact avec leur municipalité avec BART!
La ville de La Haye a présenté son service BART!, qui rassemble dans une salle de contrôle les informations des habitants issues de groupes de voisinage numériques et de médias sociaux. Grâce aux algorithmes et à la technologie chatbot, la municipalité fait appel aux habitants pour qu’ils résolvent eux-mêmes certains problèmes ou litiges, comme la perte d’un vélo ou l’assistance à une personne blessée dans la rue. Dans le nuage des données collectées, BART! rassemble les informations à faire remonter au centre de contrôle, qui répond aux situations rapportées par les habitants. L’un des défis de ce projet est de déterminer les limites éthiques de l’exploitation de ces données collectées auprès des habitants.
- Rotterdam : prévention des cybermenaces
L’Autorité du port de Rotterdam, le plus grand d’Europe, a lancé en 2014 le programme FERM pour accroître la résilience du port et des entreprises qui y sont installées face aux cybermenaces. Après une cyberattaque en juin 2017 qui a entraîné une fermeture partielle du port et causé plus de 250 millions d’euros de pertes pour un total de plus de 700 compagnies, l’utilisation du programme FERM s’est vue fondamentalement modifiée. De plus, le port organise périodiquement dans le cadre de FERM des exercices de prévention pour les entreprises opérant dans le port, par exemple pour éviter le phishing.
Rotterdam a partagé les leçons de l’incident de 2017 avec d’autres ports dans le monde, notamment Singapour.
> Le groupe de travail « Innovation & Sécurité » de l’Efus
Afin de prolonger les travaux de Medi@4sec et d’offrir à ses membres un espace d’échange et de réflexion, l’Efus a créé le groupe de travail « Innovation & Sécurité », lancé lors de l’événement de clôture du projet, en décembre.
Ce groupe aura notamment pour objectif de favoriser une approche de la sécurité fondée sur la coproduction, c’est-à-dire qui associe des acteurs de la sécurité non-conventionnels tels que le secteur privé, les organisations de la société civile et des chercheurs spécialisés.
Le groupe s’attachera à partager les connaissances en matière de sécurité et de technologie, notamment par la dissémination de bonnes pratiques, à organiser les échanges entre ses membres en ligne et lors d’événements – le prochain étant prévu lors de l’assemblée générale 2019 de l’Efus en avril à Augsbourg (DE) –, et à sensibiliser les élus locaux et les techniciens aux opportunités et défis des technologies de l’information appliquées à la sécurité locale.
Si vous souhaitez faire partie du groupe de travail « Innovation et Sécurité », contactez Myassa Djebara djebara@efus.eu et/ou Pilar De La Torre delatorre@efus.eu.