L’Efus et le DEFUS au 26e Congrès allemand de la prévention

Cologne, Allemagne, mai 2021 – L’Efus et le DEFUS ont participé au 26e Congrès allemand de la prévention qui s’est tenu les 10 et 11 mai dans la ville de Cologne selon un format hybride en présentiel et en ligne, réunissant quelque 800 participants, universitaires, praticiens, décideurs politiques et représentants de la police et des autorités fédérales, fédérées et locales allemandes. Intitulé « La prévention donne des orientations – planifier, former, échanger », le Congrès a couvert de nombreux champs, approches et thématiques de prévention avec un accent particulier sur la prévention en temps de crise et sur l’importance de la formation professionnelle et continue.

L’Efus et le DEFUS ont présenté deux sessions sur les stratégies et initiatives des autorités locales pour renforcer la cohésion sociale et la participation citoyenne et ainsi réduire les tensions, la polarisation et les conflits à l’échelle locale. Julia Rettig, chargée de mission à l’Efus, a présenté le projet BRIDGE (Renforcer la résilience pour réduire la polarisation et la montée de l’extrémisme), qui s’est récemment achevé, et ses principaux résultats, notamment les outils pratiques et recommandations sur comment évaluer, prévenir et réduire la polarisation à l’échelle locale.

Comment favoriser une vie locale paisible à une époque de tensions croissantes

Christian Kromberg, Maire Adjoint d’Essen et Président du Forum allemand et européen pour la sécurité urbaine (DEFUS), et Anna Rau, directrice adjointe du DEFUS, ont invité les participants à une présentation sur la façon dont les villes peuvent favoriser une vie locale apaisée à une époque marquée par une polarisation et des conflits croissants. Les récents attentats d’extrême-droite en Allemagne[1], la multiplication des incidents de discrimination et de racisme contre certains groupes de population et les inégalités socio-économiques croissantes présentent une réelle menace contre le mode de vie pacifique, inclusif et démocratique de nos villes.

Anna Rau a cité en exemple des tensions et conflits qui agitent les villes allemandes les récentes manifestations anti-Covid, des émeutes de jeunes, un nombre croissant d’attaques violentes contre des élus locaux, et des conflits d’usage dans les espaces publics. Tout ceci crée des tensions entre les divers groupes sociaux, a-t-elle dit.

Christian Kromberg a évoqué un groupe d’extrême-droite qui organise chaque semaine une « marche » dans un quartier d’Essen, ce qui crée de l’insécurité et des tensions chez les habitants.  

Les approches des villes face aux tensions et à la polarisation

Face à ces difficultés, les intervenants ont insisté sur le rôle central des autorités locales pour réduire et prévenir les conflits et la polarisation. En tant que niveau de gouvernance le plus proche des citoyens sur le terrain, les autorités locales ont un rôle essentiel à jouer pour renforcer la cohésion sociale et garantir une vie locale paisible et démocratique, en veillant à préserver l’équilibre entre libertés et sécurité. Inclure tous les citoyens et groupes sociaux, dans toute leur diversité, est le fondement de toute politique locale.

Les intervenants ont présenté des stratégies concrètes que les villes peuvent mettre en place pour répondre à la polarisation et aux tensions. Certaines villes, telles Essen et Mannheim, ont élaboré en concertation avec les acteurs locaux et des représentants de la société civile des déclarations en faveur d’une vie locale paisible et inclusive et de la diversité. 

Pour répondre à l’extrémisme de droite, la ville d’Essen conduit actuellement un projet axé sur la déradicalisation par le biais du sport, de diverses initiatives en ligne et d’un soutien aux familles. Ce projet est fondé sur une approche multi-partenariale et associe, outre la municipalité, la police, des clubs de sport locaux et diverses initiatives culturelles et émanant de la société civile.  

Anna Rau a présenté le document Principes directeurs pour prévenir la polarisation et les tendances anti-démocratiques à l’échelle locale élaboré par les villes membres du DEFUS en 2018. Ce document affirme notamment deux principes :

  • Les élus, les maires et les équipes municipales doivent pleinement soutenir la prévention de l’hostilité et de l’extrémisme violent de certains groupes afin que celle-ci soit efficace.
  • Les autorités doivent agir pour réduire les inégalités économiques et sociales et construire des villes justes et équitables. Les inégalités peuvent alimenter et amplifier les préjudices et l’hostilité et constituent un terreau pour la polarisation et la violence.  

En conclusion de cette session, Christian Kromberg a déclaré : « Au sein du DEFUS, nous allons redoubler d’efforts pour promouvoir les initiatives contre la discrimination et le racisme et nous continuerons à proposer des formations à ce sujet à nos municipalités membres. Nous considérons que c’est l’une de nos missions les plus importantes ».

> Pour plus d’information sur BRIDGE, voir notre article sur la conférence finale du projet.
> La publication finale BRIDGE sera bientôt disponible. Il s’agit d’un guide comprenant des outils et des actions concrètes pour réduire la polarisation ainsi que des recommandations pour les autorités locales.


[1] Les plus récents sont un attentat à Hanau en février 2020 qui fit 9 morts, tous d’origine immigrée, un attentat contre une synagogue à Halle en octobre 2019 qui fit 2 morts, et l’assassinat d’un homme politique allemand connu pour ses positions en faveur de l’immigration par un extrémiste de droite, en juin 2019.