Située à environ 80 km à l’est de Budapest et comptant près de 30 000 habitants, Gyöngyös vient de rejoindre l’Efus. Nous avons rencontré son Maire, György Hiesz.
Pourquoi la Ville de Gyöngyös a-t-elle choisi d’adhérer au Forum européen pour la sécurité urbaine ?
La sécurité des habitants est une priorité pour le conseil municipal de Gyöngyös. La municipalité a mis en place un ensemble de mesures innovantes ces dernières années, comme par exemple le système de vidéosurveillance qui permet de localiser facilement les véhicules d’après leur plaque d’immatriculation ou de repérer les individus dont le comportement semble suspect. De telles innovations correspondent aux problèmes locaux et aux besoins des citoyens.
Toutefois, nous estimons qu’il est aussi très important de nourrir la stratégie locale de sécurité à partir des expériences internationales et européennes. Nous souhaitons trouver des points d’intérêt communs avec d’autres collectivités européennes et bénéficier d’un échange constant de pratiques innovantes pour résoudre nos problèmes communs. L’Efus nous a contacté à la fin de l’année dernière et au vu de ses objectifs, de ses activités et de son offre de services, il nous est apparu évident qu’il serait dans l’intérêt de Gyöngyös d’adhérer.
Quelle est selon vous la valeur ajoutée de la coopération avec d’autres collectivités à l’échelle européenne et internationale ?
La Hongrie est membre de l’Union européenne (UE) depuis 2004 et l’UE est devenue en quelque sorte notre maison. D’un point de vue pratique, je crois que participer activement à consolider un savoir commun et à le disséminer auprès des communautés locales est la meilleure façon de bénéficier de notre appartenance à l’UE. Ce principe vaut aussi pour les questions de sécurité urbaine. Je suis sûr que faire partie d’un réseau professionnel efficace comme l’Efus contribuera au développement de Gyöngyös. De même, j’espère que nos pratiques locales pourront intéresser la communauté Efus.
Quelles sont les principaux problèmes de sécurité de votre ville ?
Nous avons divers problèmes que nous essayons de résoudre dans la coopération et l’inclusivité. Je citerais les problèmes liés aux conditions de vie de la population Rom, qui est confrontée à la consommation d’alcool et de drogues, notamment les nouvelles drogues psychoactives. Je citerais aussi les problèmes de violations des restrictions sanitaires et de dépôt illégal de déchets. En outre, les délits commis par certains membres de cette communauté sont liés à des problèmes tels que le manque d’éducation, l’analphabétisme et les conditions de logement insalubres. Ces problèmes demandent des solutions efficaces.
En ce qui concerne la criminalité, un autre facteur est aussi la composition démographique de notre population : un tiers des habitants a plus de 65 ans. Malheureusement, les personnes âgées sont les premières victimes de la criminalité.
Une autre problématique est liée à la guerre en Ukraine, dont les conséquences sont visibles à Gyöngyös. Nous hébergeons des réfugiés dans des locaux appartenant à la municipalité et comme le conflit se prolonge, nous escomptons recevoir davantage de réfugiés. Leur intégration dans la société locale a un aspect social mais aussi sécuritaire.
Enfin, une troisième problématique importante est celle de la violence domestique, notamment celle qui affecte les femmes et les enfants. La prévention est essentielle, parce que ce type de violence est sous-signalé, ce qui fait que le taux de latence est important. Nous avons besoin de méthodes innovantes pour prévenir et réduire les actes de violence domestique et de genre et nous sommes très curieux d’apprendre d’expériences et de pratiques d’autres villes européennes.
Votre ville s’intéresse au lien entre sécurité, polarisation et changement climatique, alors que ce dernier affecte particulièrement les groupes vulnérables. Quelle est la situation à Gyöngyös et que fait votre municipalité pour en prévenir les effets nocifs ?
Gyöngyös a développé une stratégie de protection climatique pour réduire les effets négatifs du changement climatique. De plus, la municipalité prépare actuellement une stratégie de développement urbain durable qui met l’accent sur l’utilisation de l’énergie géothermique, le développement des espaces verts et une gestion durable de l’eau. Notre objectif à long terme est que Gyöngyös soit auto-suffisante et climatiquement neutre.
Le changement climatique est un phénomène global qui requiert des solutions globales et stratégiques. Cependant, comme pour d’autres questions internationales et européennes, les changements ne peuvent être efficaces sur le long terme que s’ils sont mis en œuvre à l’échelle des communautés locales et qu’ils prennent en compte les idées, priorités et suggestions de celles-ci.
Notre stratégie locale de protection climatique est au service des citoyens, y compris les groupes marginalisés. Un exemple est la fourniture d’énergie propre et à bon marché : ce n’est pas seulement bénéfique pour l’environnement mais aussi sur le plan social, pour les citoyens à revenus modestes. Cela peut ainsi contribuer à réduire la délinquance. Atteindre nos objectifs en matière de protection climatique aura aussi des effets positifs sur les finances et la santé des personnes âgées.
Quelle question locale souhaitez-vous présenter aux autorités européennes par l’intermédiaire de l’Efus?
Comme je vous le disais, les délits qui affectent en particulier les citoyens seniors et qui prennent racine dans la marginalisation de la population Rom constituent un problème de sécurité prioritaire pour la Ville de Gyöngyös. C’est un problème causé par de multiples facteurs.
Je voudrais mettre l’accent sur un facteur qui est celui de nos ressources limitées. Le budget municipal ne suffit pas à apporter des solutions efficaces et tangibles et nous avons besoin de soutien européen en la matière. Les autorités locales sont les mieux placées pour utiliser les fonds de soutien européens de façon agile, raisonnable et ciblée parce que nous sommes proches des citoyens sur le terrain. Nous comprenons très bien les spécificités locales et sommes donc les premiers à détecter les problèmes qui demandent une intervention immédiate à l’échelle locale.