Malte prend la présidence de l’UE avec l’objectif de « rEUnir »

Logo_MaltaParis, janvier 2017 – Le 1er janvier, Malte est devenu le plus petit membre de l’UE à assumer pour un semestre la présidence du Conseil européen, à un moment où l’Union est confrontée aux défis sans précédent posés par la crise des réfugiés, Brexit et les élections à venir aux Pays-Bas, en France et en Allemagne, où les mouvements populistes et anti-européens progressent.

Malte (320 km2 et une population d’environ 423 000 habitants) succède aux Pays-Bas et à la Slovaquie au sein du « trio » actuel (un système mis en place en 2009 pour garantir la continuité politique entre chaque présidence, avec la formation d’un triumvirat, ou presidency trio, au sein duquel trois pays coopèrent sur un programme commun pendant leurs mandats).

Comme l’Italie, la Grèce et, quoique à un moindre degré, Malte, le pays le plus méridional de l’UE en Méditerranée, a reçu ces dernières années des vagues de migrants fuyant les conflits et l’Afrique sub-saharienne et a appelé à plusieurs reprises à l’aide et à la solidarité européennes. En avril 2012, après une visite de terrain à Malte, les membres du Comité exécutif de l’Efus ont adopté une résolution appelant l’Union européenne et les États Membres à la coresponsabilité en matière d’accueil et d’intégration des migrants.

« Je crois qu’il existe la volonté de rapprocher toutes les positions le plus possible. Ce sera une tâche difficile pour la présidence maltaise, mais nous ferons notre possible pour rapprocher ces positions, » a déclaré le Premier ministre maltais, Joseph Muscat, lors du dernier sommet de l’UE à Bruxelles, à la mi-décembre.

Dans son programme officiel pour la présidence de l’UE, Malte souligne que « l’UE fait face au plus grand défi de ses 60 ans d’histoire […] à une époque de grands changements globaux. » En réponse, Malte met en avant le « concept de rEUnion », qui signifie « reconnecter les citoyens de l’UE à un niveau individuel, institutionnel et étatique – entre eux, avec leur gouvernement, avec l’UE et avec le monde. C’est une aspiration très ambitieuse et nous ne prétendons pas pouvoir la réaliser en seulement six mois. Mais nous savons que nous pouvons commencer. »

Cette démarche débute par cinq questions auxquelles il faut trouver des réponses, affirme Malte. « Premièrement, comment pouvons-nous nous assurer que tous nos citoyens soient certains que les charges et les bénéfices de l’appartenance à l’UE sont partagés de façon juste et équitable ? Par exemple, pourquoi le coût et les perturbations engendrés par la migration provenant de l’extérieur de l’UE doivent-ils retomber de façon si lourde sur un petit nombre d’États Membres ?, »demande Malte.

La deuxième grande question est : « Comment garantir que les citoyens puissent comprendre, croire au projet européen et s’engager ? » La troisième, « Comment garantir que les droits de tous les citoyens soient protégés, quels que soient leur âge, ethnicité, genre ou orientation sexuelle ? » Quatrièmement, « à une époque où les élites au pouvoir sont méprisées par une population de plus en plus désenchantée, comment restaurer la confiance par des mécanismes garantissant que ceux au pouvoir soient clairement responsables de leur action devant la population et qu’ils ne soient pas tentés par la corruption ? » Enfin, demande la présidence maltaise, «  comment garantir que le travail de l’UE non seulement engendre des bénéfices économiques pour les États Membres mais aussi que ceux-ci soient partagés avec tous les citoyens et non pas seulement les corporations et leurs actionnaires ? »

Les grandes priorités de la présidence maltaise dans les domaines de la Justice et des Affaires intérieures

En matière de Justice et d’Affaires intérieures, la présidence maltaise sera particulièrement vigilante sur la criminalité économique, notamment le blanchiment d’argent. De plus, elle projette de finaliser les négociations sur la Convention du Conseil de l’Europe pour la prévention du terrorisme et son protocole additionnel.

La présidence maltaise poursuivra les discussions sur la proposition d’un Système d’information européen sur les casiers judiciaires (Proposal on the European Criminal Records Information System, ECRIS) pour l’élargir aux ressortissants de pays tiers.

Sur la question des migrations, Malte cherchera notamment à établir un consensus sur le futur régime commun européen d’asile (Common European Asylum System).

Les autres grandes priorités dans les domaines Justice et Affaires intérieures sont :

Sécurité : Malte cherchera à établir le système européen pour enregistrer les entrées et sorties vers un pays tiers, de progresser sur les frontières intelligentes (smart borders), et de finaliser la création du Système européen d’autorisation et d’information concernant les voyages (EU Travel Information and Authorisation System, ETIAS). La prévention du terrorisme, notamment en s’attaquant à ses sources de financement, est une autre priorité.

Égalité de genre et inclusion sociale : les priorités sont d’aider les femmes à être traitées de façon équitable dans tous les domaines de la société, d’accroître leur participation au marché du travail et de combattre la violence de genre.

Stratégie Drogues de l’UE : la présidence maltaise « continuera à travailler pour la mise en oeuvre de la Stratégie Drogues de l’UE 2013-2020 » et le Plan d’Action pour la période 2017-2020. Elle cherchera aussi à finaliser la nouvelle législation sur les nouvelles substances psychoactives.

Cybersécurité : Malte s’engage à faire progresser le Groupe Horizontal sur les problèmes du cyberespace (Cyber Issues Horizontal Working Party), qui a été créé en octobre 2016 comme « une plate-forme transversale pour promouvoir une approche globale et cohérente sur les questions liées aux politiques relatives au cyberespace ». Une attention particulière sera portée à la sensibilisation à la cyber-sécurité, notamment auprès des citoyens et des PME.

Une autre priorité de l’UE sera de se défendre et de défendre les États Membres contre les cyber-attaques concertées ou le hacking, y compris les attaques téléguidées par des États. C’est pourquoi Malte promeuvra les discussions sur la ‘boîte à outils de la cyber-diplomatie’ (Cyber Diplomacy Toolbox), qui permettra à l’UE et aux États Membres de répondre de façon appropriée à ce que l’UE appelle les « cyber opérations coercitives », non seulement à un niveau technique mais aussi en utilisant les outils de politique étrangère et de sécurité[1].

Programme de la présidence maltaise de l’UE (en anglais) :

https://www.eu2017.mt/en/Documents/NationalProgramme_EN.pdf

[1] Voir : http://data.consilium.europa.eu/doc/document/ST-5797-2016-INIT/en/pdf