Paris, France, avril 2021 – Le Forum Français pour la Sécurité Urbaine (FFSU) et l’Efus ont organisé une webconférence sur la prévention des rixes entre bandes de jeunes, un phénomène qui concerne directement les collectivités non seulement en France mais aussi dans d’autres pays européens, dans le cadre des Assises de la sécurité des territoires du FFSU, le 25 mars.
L’événement, qui a réuni près de 140 participants, a eu lieu alors que des affrontements entre bandes de jeunes en région parisienne ont fait trois morts en février dernier, ce qui a une nouvelle fois mis ce phénomène sous les feux des projecteurs politiques et médiatiques.
Un phénomène ancien et évolutif
L’Efus souhaite poursuivre son travail au niveau européen sur un phénomène qui reste complexe et difficile à appréhender, mais qui, en France, semble en augmentation depuis quelques années. Selon le ministère de l’Intérieur, 357 altercations ont été recensées en France en 2020, soit pratiquement une par jour, contre 288 en 2019. Trois personnes ont été tuées et 218 blessées lors de ces affrontements l’année dernière. Ces chiffres sont toutefois à interpréter avec prudence tant le phénomène est compliqué à mesurer.
Confrontées depuis des décennies à ce phénomène cyclique dont les formes évoluent, notamment avec l’essor des réseaux sociaux, les collectivités territoriales françaises se mobilisent. Lors de la webconférence, les participants ont échangé autour de la définition du phénomène mais également les logiques de territoires, la place des pairs et des familles ainsi que l’impact des réseaux sociaux dans ce type d’affrontements.
L’appréhension des rixes : définition et caractéristiques
Les phénomènes de rixes sont protéiformes et mouvants autant en matière de définition que de caractéristiques. Les facteurs territoriaux sont explicatifs et structurants du phénomène mais les rixes ne sauraient se résumer aux territoires : la causalité est souvent floue et ce sont parfois des histoires insignifiantes pour l’extérieur qui génèrent un embrasement.
Les rixes sont les matérialisations d’un phénomène social plus profond. La question de l’identité juvénile qui repose sur des logiques d’honneur se mêle à des logiques de territoires.
Les rixes sont caractérisées par la forte confusion entre l’individu et le groupe : le conflit d’un individu devient vite celui du groupe. Apparaît alors la nécessité de penser la question des rixes selon une approche collective et individuelle. Il convient également, de manière complémentaire, de travailler sur des activités de prévention à long terme afin de lutter contre la culture de la violence chez les jeunes.
Mobilisation de la société civile : les parents et les pairs
Les jeunes sont, par définition, présents dans trois sphères distinctes : école, espace public, famille. Si les acteurs éducatifs semblent enclins à travailler les questions des rixes, il convient d’associer les parents et les pairs notamment face à la banalisation croissante de la violence.
L’accompagnement de parents en difficulté face à des situations de violence est une piste d’action. L’autorité parentale est parfois affaiblie ou rejetée lors de la construction adolescente alors qu’elle doit rester un repère indispensable à la socialisation juvénile. La cellule familiale dans son ensemble est à prendre en compte lors d’activités de prévention des rixes.
Le recours à des pairs est un moyen d’accéder aux jeunes avec davantage d’impacts que via les activités classiques de prévention. Les jeunes eux-mêmes peuvent être capables de calmer les tensions plus efficacement que des professionnels extérieurs. Le partage d’expériences vécues est également une piste d’action parce qu’il touche plus facilement les jeunes qui peuvent s’y reconnaître. Le recours à la prévention par les pairs est toutefois à encadrer afin d’éviter tout mimétisme violent.
L’impact du numérique et des réseaux sociaux
Les nouveaux outils numériques et les réseaux sociaux influencent la gravité des faits et l’escalade de la violence. Il est désormais indispensable de s’en emparer, a minima pour de la veille et ainsi pouvoir anticiper certaines rixes.
L’accompagnement des jeunes à l’utilisation de ce nouvel espace public numérique est également un paramètre désormais indéniable des politiques de prévention à destination des jeunes. Jusqu’à présent, peu de projets d’envergure autres que Les Promeneurs du Net ne semblent exister. Ce site web financé par les pouvoirs publics français et inspiré d’une pratique suédoise permet aux jeunes de trouver des conseils et des informations sur les bonnes pratiques à suivre pour naviguer en sécurité,
Le principal enseignement de cette webconférence est qu’il n’existe pas de bonnes pratiques miracle en termes de prévention des rixes et que celles-ci relèvent davantage d’un ensemble de pratiques au long terme qu’il conviendra d’identifier et de mettre en œuvre.
→ Plus d’informations sur les Assises de la sécurité des territoires du FFSU
→ Retrouvez le communiqué de presse publié par le FFSU au sujet du rôle des collectivités territoriales dans la prévention des rixes
→ Retrouvez l’article publié par le FFSU dans l’Humanité