Paris, France, novembre 2019 – Quels sont les enjeux éthiques et légaux des technologies liées l’intelligence artificielle en matière de sécurité? Sont-elles efficaces pour protéger les citoyens contre les risques tels que le terrorisme ? Faut-il légiférer sur l’utilisation de ces technologies, notamment la reconnaissance faciale ? Telles étaient les principales questions abordées lors d’une réunion avec une délégation de chercheurs et d’industriels japonais organisée par l’Efus le 18 novembre à Paris.
La délégation japonaise rassemblait des représentants de l’Institut d’études socio-économiques internationales (Institute for International Socio-Economic Studies), l’Association japonaise des industries de l’électronique et des technologies de l’information (Japan Electronics and Information Technology Industries Association, JEITA), et la Commission sur la protection des données personnelles (Personal Information Protection Commission, PPC). L’Efus, qui était représenté par Elizabeth Johnston, déléguée générale, et Pilar De La Torre, chargée de mission, avait également invité Camille Gosselin, urbaniste de la Mission Prévention Sécurité de l’Institut Paris Région.
> Un travail mené depuis une dizaine d’années
L’Efus a présenté le travail qu’il mène depuis plus d’une dizaine d’années sur cette thématique, notamment au travers du projet européen Citoyens, Villes et Vidéosurveillance (2009-2010), qui a produit la Charte pour une utilisation démocratique de la vidéosurveillance, du projet Medi@4Sec (2016-2018) sur l’utilisation des réseaux sociaux en matière de sécurité, et du projet PRoTECT sur l’utilisation des nouvelles technologies pour le contre-terrorisme, auquel il collabore depuis novembre 2018 (le projet s’achèvera en octobre 2020).
L’Efus a également partagé son positionnement politique sur ces questions, tel qu’exprimé dans son Manifeste Sécurité, démocratie et villes – Coproduire les politiques de sécurité urbaine (2018). Celui-ci appelle notamment à une « utilisation responsable, pondérée et justifiée » des nouvelles technologies en matière de sécurité urbaine, enjoint les autorités locales à renforcer leurs connaissances en la matière et appelle à une législation adaptée à l’échelle de l’Europe.
> Le respect de la vie privée : un enjeu partagé entre le Japon et l’Europe
L’acceptation sociale des nouvelles technologies et la nécessité de protéger les libertés individuelles sont des questions très présentes au Japon comme en Europe, non seulement dans le débat politique mais aussi au sein de la société civile. Si les systèmes législatifs sont différents, les industriels japonais sont intéressés par les échanges de points de vue et d’expériences entre les deux régions, comme l’ont exprimé les membres de la délégation japonaise, qui avait sollicité cette réunion.
Ces enjeux sont d’autant plus pressants que les technologies progressent rapidement : essor de l’intelligence artificielle, caméras intelligentes, reconnaissance faciale, technologies de police prédictive, systèmes de gestion des big data… Outre la protection de la vie privée, les biais qui peuvent être inclus dans la conception-même de ces nouvelles technologies font aussi question.
Toutefois, si ces risques existent (surveillance massive, invasion de la vie privée, dissémination des données sans le consentement des personnes…), les technologies offrent aussi de nouvelles possibilités de renforcer la sécurité dont se sont saisies la police et les instances de gouvernement, autant locales que nationales, en France et dans d’autres pays européens. De plus, elles permettent aux citoyens d’être plus directement acteurs de leur sécurité, par exemple via les réseaux sociaux.