Nous sommes heureux d’accueillir la commune de Sassari parmi les membres de l’Efus. Avec près de 120 000 habitants, cette ville du nord de la Sardaigne est la deuxième plus importante de l’île. Dotée d’un riche patrimoine culturel, elle est aussi confrontée à la dépopulation de son centre historique. Nous avons échangé avec le Commandant Gianni Serra de la police municipale.
Quels sont les principaux problèmes de sécurité urbaine dans la commune de Sassari ?
Commandant Gianni Serra (GS) : Les principaux problèmes sont liés à la dégradation urbaine et au sentiment d’insécurité de la population, en particulier dans certains quartiers du centre historique. Au cours des dernières décennies, le nombre de résidents permanents a diminué, et ceux-ci ont été remplacés par des communautés qui ne sont pas toujours bien intégrées dans le tissu urbain. La disparition des commerces locaux et des lieux de socialisation a affecté le sentiment d’appartenance et la qualité de vie, réduisant les possibilités pour les résidents d’établir des relations avec les autres habitants de la commune.

À cela s’ajoutent les infractions environnementales, qui vont du simple jet de détritus, qui peut sembler insignifiant mais qui suscite en réalité beaucoup d’indignation parmi la population, à des crimes environnementaux plus graves, qui sont traités par notre unité spécialisée de police environnementale. Ces phénomènes génèrent un cercle vicieux : dégradation visible, sentiment d’insécurité et départ progressif des citoyens du centre historique.
Quelles sont les priorités de la municipalité en matière de sécurité urbaine ?
GS : La priorité absolue est la réhabilitation du centre historique, tant du point de vue urbain que social. Cela implique d’investir dans les infrastructures (voies de circulation, éclairage public, mobilier urbain), de moderniser le système de vidéosurveillance et de créer des espaces et des services qui favorisent la socialisation.
« Notre objectif n’est pas seulement de lutter contre la dégradation urbaine, mais aussi de rendre aux citoyens un centre historique sûr, vivant et attractif ».
Le conseil municipal met en oeuvre une stratégie intégrée qui comprend :
- la revitalisation des espaces publics avec l’organisation d’événements et d’initiatives culturels et autres ;
- le soutien aux nouvelles activités commerciales et artisanales ;
- l’implantation de services administratifs dans les quartiers sensibles pour renforcer la présence institutionnelle ;
- la sensibilisation de la population à la valeur du centre historique en tant que bien commun, en favorisant son utilisation quotidienne.
L’objectif n’est pas seulement de lutter contre la dégradation urbaine, mais aussi de rendre aux citoyens un centre historique sûr, vivant et attractif.
Sur quels projets travaillez-vous qui pourraient intéresser d’autres membres de l’Efus et du Forum italien pour la sécurité urbaine (FISU) ?
GS : Les principaux projets sur lesquels nous travaillons actuellement concernent :
- renforcer la police locale avec des unités spécialisées dans la sécurité urbaine et environnementale ;
- utiliser davantage les solutions technologiques (vidéosurveillance intelligente, capteurs urbains) ;
- rechercher des financements européens, nationaux et régionaux pour soutenir notre objectif de régénération urbaine et de lutte contre la pauvreté.
Notre engagement est de créer un modèle de sécurité qui ne repose pas uniquement sur le contrôle, mais sur des projets intégrés capables de restaurer la qualité de vie et la confiance des citoyens.
Qu’attendez-vous de votre adhésion à l’Efus et au FISU ?
GS : Nous espérons échanger des pratiques inspirantes avec d’autres organisations confrontées à des défis similaires. Cela nous permettra d’enrichir nos politiques locales grâce à des expériences réussies qui ont déjà fait leurs preuves ailleurs.
Sassari peut apporter sa contribution en partageant l’expérience acquise dans un territoire complexe :
- un centre historique confronté à des problèmes critiques de dépeuplement et de dégradation, mais aussi doté d’un fort potentiel de régénération ;
- une police locale engagée sur plusieurs fronts, de la sécurité routière à l’environnement en passant par la gestion de la coexistence civile ;
- une administration qui considère la sécurité comme un bien collectif à construire par des interventions urbaines, sociales et culturelles, ainsi que par des mesures répressives.
Notre expérience peut apporter une contribution utile au débat européen : la sécurité urbaine n’est jamais seulement une question d’ordre public. Elle repose sur un équilibre entre le contrôle, l’inclusion sociale et la qualité de l’espace urbain.between control, social inclusion and the quality of urban space.
Photo en haut : la Piazza d’Italia à Sassari – © iStock Gabriele Maltinti
