Des applis à l’innovation sociale… comment tirer parti de la révolution technologique dans le domaine de la prévention et de la sécurité urbaine

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Augsbourg, Allemagne, juin 2019 – Le nouveau groupe de travail « Innovation & Sécurité » de l’Efus, créé à l’issue du projet Medi@4sec sur l’utilisation des technologies de l’information pour la sécurité, s’est réuni à l’occasion de l’Assemblée générale, le 26 juin à Augsbourg (Allemagne). Une quinzaine de participants représentant des collectivités de divers pays européens ont débattu de l’utilisation des réseaux sociaux et des plateformes technologiques pour améliorer la sécurité publique, l’action de la police et la prévention au cours d’une session présidée par Elizabeth Johnston et dont le rapporteur était Paul Ekblom, professeur invité en Sciences de la Sécurité et de la Criminalité au University College de Londres (UCL).


>> Quelle est la portée de l’innovation ?

De nombreux participants ont observé en préambule que certains responsables publics se méfient des nouvelles technologies qu’ils considèrent comme un risque et non pas nécessairement comme une opportunité à saisir. Il convient de vaincre ces réticences et de « faire face au défi de la pensée prospective parce que de nombreux outils et pratiques de travail se focalisent sur le passé et le présent alors que les deux choses que nous savons pour sûr à propos de l’avenir est qu’il sera très différent d’aujourd’hui et que ces différences seront plus complexes et arriveront plus vite, » a remarqué Paul Ekblom. 

La discussion a ensuite débuté autour de la question de l’innovation elle-même : de quel type d’innovation parle-t-on en matière de politiques publiques, et plus particulièrement de politiques de sécurité ? S’agit-il d’innovation purement technique, comme par exemple les applications ou les add-ons, ou bien l’innovation doit-elle être plus large et couvrir les interventions et processus sociaux ? La deuxième option est plus appropriée dans le domaine d’activité de l’Efus parce que l’innovation y est un thème transversal qui s’applique à tous les domaines de la sécurité sur lesquels l’Efus et ses membres travaillent. 


>> Une quinzaine de thèmes

Après une présentation par Paul Ekblom de ses travaux en matière de prévention et de technologie au University College de Londres, la discussion s’est centrée sur une quinzaine de thèmes concrets, depuis l’intelligence artificielle et les drones en passant par les applis utilisées par la police et les fake news

Ci-dessous, un aperçu des débats, qui ont été très riches et variés. Un compte-rendu exhaustif, préparé par Paul Ekblom, est disponible ici. 

  • Intelligence artificielle/Apprentissage machine (IA). Dans quelle mesure l’intelligence artificielle va-t-elle changer la donne dans la production de sécurité et de justice ? 
  • La vulnérabilité des TIC aux pannes criminelles et accidentelles. Un exemple récent est la panne pendant plusieurs heures du numéro d’urgence 112 au Royaume-Uni (https://www.bbc.co.uk/news/world-europe-48753095). 
  • Des usagers/clients intelligents. Il y a une inquiétude générale sur le fait que les techniciens/professionnels de la sécurité et de la justice sont peu équipés pour dialoguer avec les fournisseurs de nouvelles technologies, c’est-à-dire pour évaluer le besoin existant de leurs produits et services, leur adéquation aux besoins, et leur rapport coût/bénéfice. 
  • Intégrer la sécurité à la société dans son ensemble. En Belgique, une expérience de réalité virtuelle a été développée pour les hôpitaux où les conducteurs qui ont eu un accident à cause de leur consommation d’alcool peuvent vivre virtuellement leur impact sur eux-mêmes et sur les autres. 
  • Surveillance et signalement des incidents. À Riga, en Lettonie, la vague d’innovations centrées sur la vidéosurveillance a été supplantée par les applis et les gadgets. Mais les applis de signalement des problèmes/incidents peuvent aussi être utilisées à mauvais escient (par exemple en cas de conflit de voisinage). 
  • Gérer et réguler les drones. À Riga, des applis permettent de visualiser sur une carte les zones où il est interdit de faire voler un drone (mais y a-t-il un risque que des criminels ou terroristes utilisent cette information pour repérer les sites sensibles ?). 
  • Générer un climat de sécurité positif. En Lettonie, la police utilise les réseaux sociaux pour partager ses succès, par exemple les vidéos des arrestations. Les visages sont brouillés pour protéger la vie privée.  
  • Combattre les fake news. À Bruxelles, l’expérience des caméras portées (bodycams) par la police et la diffusion en streaming live des voitures de police s’est avérée utile pour déjouer les fake news.