Octobre 2022 – L’expérience de Ciudad Juarez ou de New York, qui ont réussi à réduire la criminalité organisée, peut-elle bénéficier aux villes européennes ? Le niveau de violence urbaine dans certains pays américains est beaucoup plus élevé qu’en Europe. Les villes européennes peuvent cependant s’inspirer de l’expérience des villes américaines, qui ont démontré « leur énorme capacité à obtenir des résultats en matière de sécurité et de paix ». C’est ce que nous a dit Rachel Locke, directrice du Violence Inequality and Power Lab (VIP-Lab) de l’Université de San Diego (USA), pendant une webconférence organisée par notre groupe de travail sur le crime organisé.
La violence urbaine augmente
Rachel Locke a donné quelques chiffres sur l’ampleur et la gravité de cette violence : en 2017, un demi-million de personnes dans le monde sont mortes par homicide, contre
89 000 dans les guerres1. Les villes sont de plus en plus inégales : dans 75% des villes du monde, le niveau d’inégalité est plus élevé qu’il y a 20 ans. La violence urbaine est concentrée dans les zones défavorisées marquées par l’exclusion sociale et la pauvreté.
Les mots comptent
« Le langage que nous utilisons est important », a-t-elle expliqué. « Souvent, on simplifie trop. On ne différencie pas entre le crime organisé, et le crime désorganisé. On met sur le même plan les gangs et la criminalité organisée. Pourtant, ces définitions ont une influence sur nos réponses ».
Il est important d’observer ce qui est signalé, ce qui est privilégié, comme les saisies de drogue et les arrestations. Il faut aussi analyser les tendances. Qui profite, ou non ? « Il y a souvent un manque d’analyse, alors qu’il faudrait examiner à quels types de délits on donne la priorité ou non. Les indicateurs qu’on utilise pour mesurer la criminalité organisée, et ceux qu’on n’utilise pas, dictent les interventions des acteurs de la sécurité ».
Pratiques prometteuses des villes américaines
Rachel Locke a donné l’exemple de plusieurs villes américaines dont les politiques de prévention ont permis une forte réduction du taux de criminalité. Oakland et New York (États-Unis), Belo Horizonte (Brésil) et Ciudad Juarez (Mexique) ont élaboré et mis en œuvre des politiques de prévention ambitieuses, à long terme et fondées sur un diagnostic approfondi. Elles ont ouvert le dialogue avec les communautés locales, associé les habitants, renforcé la police de proximité, et construit de larges partenariats avec les acteurs locaux.
Leur expérience montre que « les villes ont une énorme capacité à obtenir des résultats en matière de sécurité et de paix. Il est important d’échanger des pratiques qui ne sont pas uniquement centrées sur la répression. Des pratiques diversifiées et équilibrées qui demandent un investissement sur le long terme. Il y a beaucoup à faire pour créer un espace politique pour les décideurs, mais c’est très important. Les réseaux comme l’Efus et d’autres jouent un rôle à cet égard ».
Le groupe de travail de l’Efus sur le crime organisé
Cette webconférence, intitulée Criminalité organisée et violence urbaine : expériences d’Amérique du Nord et Latine, a eu lieu le 14 septembre. Elle concluait une série de cinq webconférences démarrées en février sur différents aspects du crime organisé et comment les collectivités y répondent. Ces rencontres ont exploré des thèmes tels que l’approche italienne de saisie des biens mafieux pour réutilisation à des fins sociales, l’Europe face au trafic des êtres humains, et comment les ports européens se protègent face au crime organisé.
> La conversation se poursuit le 29 novembre à Rotterdam, lors de la réunion du groupe de travail de l’Efus sur le crime organisé. Cette session sera ouverte aux membres de l’Efus et au public. Plus d’information sur comment s’inscrire dans les jours à venir.
> Le compte-rendu et la présentation Power Point sont disponibles pour nos membres sur Efus Network
> Plus d’information sur les activités de l’Efus sur le thème de la criminalité organisée
L’Efus à la conférence de 24h sur la criminalité organisée globale L’Efus a animé une table ronde à la conférence de 24h organisée en ligne par l’Initiative Globale Contre le Crime Organisé Transnational (Global Initiative Against Transnational Organized Crime #OC24 2022), le 14 octobre. Cet événement réunit chaque année près de 300 organisations et 5 000 participants du monde entier.L’Efus a présenté les expériences de Rotterdam, Amsterdam et Berlin et, avec l’Université de Leeds, le travail mené dans le projet IcARUS, qu’il pilote. La session était intitulée Agir localement : les villes européennes et la lutte contre le crime organisé (Going Local: European cities and the fight against organised crime). > Lire le compte rendu (réservé aux membres); YouTube > Site web de la Global Initiative Against Transnational Organized Crime |
1 Source : Banque mondiale