Bruxelles, Belgique, mars 2018 — Comment mieux protéger les espaces publics des villes européennes face à la menace terroriste ? Cette question était au coeur de la « conférence des maires de l’UE – construire les défenses urbaines contre le terrorisme » organisée à Bruxelles par la Commission européenne et le Comité des Régions, le 8 mars.
L’Efus était représenté par Willy Demeyer, président de l’association et maire de Liège, qui est intervenu à la tribune pour présenter les actions du Forum en matière de prévention de la radicalisation, ainsi que par les maires ou délégués des villes de Barcelone, Berlin, Liège, Lille, Lyon, Malaga, Malmö, Marseille et Nice, et Elizabeth Johnston, déléguée générale de l’Efus. De nombreuses autres villes étaient également présentes, telles Hambourg, Londres et Stockholm, mais aussi New York.
Apprendre des attaques passées pour mieux se protéger
Les représentants de l’UE, notamment le Commissaire à la sécurité de l’Union, Sir Julian King, le Commissaire à la migration, aux affaires intérieures et à la citoyenneté, Dimitris Avramopoulos, la Commissaire à la politique régionale, Corina Creţu, et le président du Comité des Régions, Karl-Heinz Lambertz, ont rappelé que les attaques récentes contre des villes européennes ont toutes ciblé des espaces publics ouverts. Ils ont souligné le « rôle crucial et actif » que peuvent jouer « les autorités locales pour la protection des citoyens » et « la nécessité de coopérer à tous les niveaux de gouvernance : local, régional, national et européen » contre le fléau du terrorisme.
Le rôle important des réseaux tels que l’Efus
Dans une déclaration commune publiée à l’issue de la conférence, la Commission et le Comité des Régions affirment que « la prévention de la radicalisation dans nos villes est une question d’extrême urgence, qui demande une approche holistique fondée sur toutes les politiques pertinentes, y compris dans les domaines de l’éducation et de l’inclusion sociale, afin d’accroître la prévention et la résilience contre la radicalisation et partant, de prévenir la perpétration d’attentats terroristes. »
La déclaration mentionne explicitement l’Efus pour son rôle utile de réseau d’échange : « Les villes, les praticiens et les autres acteurs locaux doivent être soutenus dans leurs efforts pour prévenir et contrer toutes les formes de radicalisation. L’échange d’informations et de bonnes pratiques, la récolte de données et la formation peuvent s’appuyer sur les forums existants tels que le Radicalisation Awareness Network, en coopération avec d’autres réseaux et initiatives tels que l’Efus et l’Alliance des villes européennes face à l’extrémisme violent. »
Le maire de Nice, Christian Estrosi, a pour sa part insisté sur la pertinence et le rôle des villes dans la lutte contre le terrorisme. Il a ainsi évoqué la récente « Déclaration de Nice » adoptée à l’issue de la conférence euro-méditerranéenne des villes sur la prévention de la radicalisation, co-organisée par le réseau des villes Euromed, l’Efus, l’Université de Toulouse Jean Jaurès et l’Université de Nice Sophia Antipolis.
Un plan d’action et des financements à hauteur de €118,5 millions
La Commission européenne a lancé en octobre 2017 un Plan d’Action pour « renforcer les échanges de bonnes pratiques, publier des recommandations aux États membres et favoriser la coopération entre les acteurs locaux et le secteur privé ». Des financements ciblés à hauteur de €118,5 millions seront disponibles cette année pour « protéger les espaces publics, qu’il s’agisse de développer des infrastructures urbaines de protection [de ces espaces], de sensibiliser le public ou d’investir dans la recherche en matière de sécurité ».
Des enjeux de sécurité et de cohésion sociale
Les maires européens ont souligné l’importance de la sécurisation des espaces publics dans leurs politiques publiques et les répercussions que celle-ci peut avoir sur la vie culturelle, économique et sociale. De nombreux festivals, foires et autres manifestations culturelles ont par exemple été annulés faute de moyens pour assurer la sécurité. Les mesures de sécurisation supposent un surcoût important pour les budgets municipaux.
Anticiper les nouvelles menaces
Parlant au nom de la ville de New York, le représentant du département de la police de la ville (NYPD) a insisté sur l’importance de la prospective pour mieux sécuriser la ville : il ne faut pas seulement prendre des mesures pour empêcher que des attentats se reproduisent là où ils ont déjà eu lieu mais aussi prévoir et prévenir d’autres formes d’attentats, dans d’autres lieux emblématiques.
Créer des villes plus inclusives pour agir sur le long terme
Karl-Heinz Lambertz, président du Comité des régions, a insisté sur la nécessité de combattre la discrimination pour créer des villes plus inclusives. Renforcer le sentiment d’appartenance à la ville ainsi que les valeurs citoyennes permettra non seulement de lutter contre les processus de radicalisation violente mais aussi de prévenir les nouvelles menaces.
L’Efus en est convaincu. Aussi, le Forum accompagne les villes dans la sécurisation physique et matérielle de leurs espaces publics, mais il les aide également à prévenir la radicalisation violente, les violences discriminatoires et à améliorer les relations entre les citoyens et les institutions. C’est en apportant une réponse globale et de long terme que nous arriverons à créer des villes plus sûres où chaque citoyen trouve sa place.
Plus d’informations :
- Communiqué de presse sur la conférence
- Les actions de l’UE en matière de sécurisation des espaces publics (en anglais seulement)