Louvain, Belgique, juin 2022 – Un an après la conclusion du projet LOUD, qui a permis à neuf municipalités européennes de mobiliser des jeunes résidents pour produire des campagnes en ligne de discours alternatifs à l’intolérance et à l’extrémisme, nous avons demandé aux partenaires ce qui a changé (ou non) depuis. Nous ouvrons cette série d’interviews avec
Jan Willems, du départment de Prévention de la Criminalité de la Ville de Louvain (Belgique). Nous publierons d’autres interviews avec les villes partenaires de LOUD dans les semaines à venir.
Pourquoi Louvain a-t-elle choisi de participer à LOUD ?
Jan Willems : Nous avons choisi de participer à LOUD parce que c’était une opportunité de travailler sur des thématiques telles que la polarisation, le racisme et la discrimination. Nous avons décidé de travailler dans une école parce que les enseignants nous avaient dit que les jeunes d’origine immigrée n’avaient pas de relations avec les jeunes natifs. Nous avons décidé de rapprocher ces deux groupes pour qu’ils travaillent ensemble sur la polarisation.
Tout au long du processus, il est apparu clairement qu’ils sont tous confrontés de façon différente au racisme et aux discriminations. À partir de là, le projet a changé dans le sens que ces jeunes ont souhaité partager leur expérience du racisme et de la discrimination avec d’autres jeunes de Louvain. Avec le film qu’ils ont réalisé pour la campagne, ils souhaitaient sensibiliser les jeunes à la présence de la polarisation et de la discrimination et les encourager à agir, même modestement. Ils espèrent que les autres jeunes auront un état d’esprit plus ouvert et qu’ils pourront plus facilement entrer en contact à l’école et en dehors.
Quel a été l’impact de la campagne auprès de la population de Louvain ?
Nous avons fait une bande-annonce de la campagne qui a été diffusée sur les réseaux sociaux pour appeler les jeunes à agir et à faire entendre leur voix contre le racisme et la discrimination. Ils ont répondu en postant des images, de la musique, des textes… Nous avons réuni ces contributions et les avons partagées avec d’autres jeunes locaux via les réseaux sociaux. Elles ont aussi été présentées au Festival de Film Africa, où le film de la campagne a également été montré.
Quelles autres actions mènent votre ville pour prévenir l’intolérance et la polarisation chez les jeunes ?
Nous menons un travail de prévention dans les écoles sur le racisme, la discrimination et la polarisation. Par exemple, nous organisons des ateliers où les jeunes peuvent explorer comment les stéréotypes et les préjudices déterminent notre façon de pensée, à quel moment ils deviennent dangereux, et en quoi ils sont liés à la discrimination et au racisme.
En quoi le projet LOUD correspond-il à la politique de Louvain en matière de discrimination et de tolérance ?
Quiconque vit ou séjourne à Louvain doit pouvoir le faire en sécurité et l’esprit libre. C’est pourquoi de nombreux services municipaux travaillent ensemble sur les questions des nuisances, de la violence, du racisme et de la discrimination. Ainsi, en 2018, la ville est devenue membre de la Coalition européenne des villes contre le racisme. Nous nous sommes engagés à travailler avec les habitants et les organisations locales pour construire un ‘Louvain sans racisme’. Le projet LOUD était une opportunité pour nous de travailler sur ces thèmes avec les jeunes, ce qui nous a permis d’élargir notre offre. Un autre avantage de LOUD a été de bénéficier de l’expertise d’autres pays et d’échanger avec d’autres villes sur les difficultés et les défis auxquels elles font face.
Pourquoi pensez-vous que la mobilisation des jeunes est fondamentale pour lutter contre la violence discriminatoire ?
Les jeunes sont le moteur de la société, mais ils peuvent être dépassés par la quantité d’informations qu’ils reçoivent et du coup avoir du mal à distinguer entre les informations et les fake news, le vrai et le faux. Nous devons les protéger et leur donner des moyens face à la polarisation émergente qui peut mener à l’extrémisme violent et à la radicalisation, et face aux discours de haine en et hors ligne. En focalisant sur leur santé mentale et leur résilience, ils peuvent apprendre à faire face aux difficultés et à regarder notre monde avec un esprit à la fois critique et ouvert. C’est essentiel pour éviter qu’ils ne soient pris dans une spirale de pensées négatives et tombent dans le piège du racisme et de la discrimination ou pire, de l’extrémisme violent.