L’impact du Covid-19 sur l’utilisation des technologies et la protection des droits fondamentaux

security-265130_640Paris, France, mai 2020 La crise sanitaire du Covid-19 a eu un impact considérable sur le développement et l’utilisation des technologies pour lutter contre l’épidémie, notamment l’intelligence artificielle. Il convient à présent d’évaluer soigneusement l’impact de ces technologies sur la protection des droits fondamentaux.

 


> Les avantages de l’intelligence artificielle

L’intelligence artificielle peut aider les chercheurs à mieux comprendre le virus, modéliser son évolution potentielle et chercher des traitements. Elle peut aider les responsables politiques et autres à identifier les informations pertinentes parmi les énormes quantités d’informations publiées sur le sujet. Les systèmes d’IA peuvent aussi améliorer l’accès du public à l’information ou être utilisés par les grandes entreprises de technologies de l’information pour détecter les fake news ou les informations inexactes sur le virus.
Toutefois, l’utilisation à grande échelle de données de localisation peut avoir des conséquences sur la protection des données, le respect de la vie privée et l’auto-détermination informationnelle. Les avancées technologiques les plus controversées sont liées à la surveillance de la population et au contrôle des mesures de distanciation physique, deux domaines qui sont particulièrement visibles à l’échelle locale.


> Les autorités locales européennes utilisent des applis pour assister la population et tracer le virus

 

Les autorités locales et régionales européennes utilisent différents types d’applications mobiles pour freiner localement la propagation du virus.
La région de Catalogne (ES) a développé une appli qui permet aux individus d’entrer leur symptômes, de recevoir un diagnostic et d’être suivis par les services de santé. Depuis la mi-mars, l’appli a été téléchargée plus d’un demi-million de fois. Les données collectées sont utilisées pour cartographier la propagation du virus.

Dans le but d’alléger la pression sur les personnels soignants, la ville de Vienne (AT) a développé une appli qui permet aux citoyens en quarantaine d’envoyer un bilan de santé quotidien. Les services de santé municipaux reçoivent les informations et peuvent déclencher une assistance médicale quand les symptômes s’aggravent.

La ville de Nuremberg (DE) a actualisé une appli existante utilisée par une soixantaine de municipalités. L’appli fournit maintenant des informations sur le virus en fonction des besoins locaux. De plus, elle est désormais disponible en sept langues afin de répondre aux besoins des groupes de population vulnérables tels que les migrants et les réfugiés.

Afin de garantir que les personnes âgées qui ne sont pas connectées à l’internet aient accès aux services, la ville de Bamberg (DE) a mis en place une plateforme téléphonique qui les met en contact avec des volontaires.

Les applications de recherche de contacts telles que « StopCovid », que le gouvernement français prévoit de déployer début juin, suivent la chaîne de contacts des personnes et informent celles qui ont été proches d’une personne infectée. La ville de Nice (FR) a piloté un programme d’IA qui surveille qui porte ou non un masque sur l’espace public. Le système utilise les images des caméras de surveillance pour calculer le pourcentage du public qui respecte les règles.

D’autres outils technologiques qui préexistaient à la crise acquièrent une nouvelle utilité dans le cadre de la lutte contre la pandémie. Un exemple est l’utilisation de drones pour contrôler la distanciation physique, ce qui a fait l’objet d’une décision de justice en France où leur utilisation a été interdite à Paris.


> Quelles conséquences pour la protection des données et les libertés individuelles ?

 

La plupart des gouvernements qui envisagent d’utiliser de telles applis souhaitent seulement conserver les données pour quelques semaines. Mais des questions demeurent quant à la protection des données et le droit à la vie privée en raison du caractère sensible des informations médicales et des doutes sur la capacité, ou même l’intention, des gouvernements de mettre en place les sauvegardes nécessaires. L’utilisation de drones pour contrôler la distanciation physique soulève des questions sur les implications légales et éthiques en matière de droits fondamentaux tels que la liberté de rassemblement et d’association.


> Le groupe de travail Innovation & Sécurité de l’Efus

 

Les autorités locales ont de lourdes responsabilités dans la lutte contre la pandémie, dont notamment, et ce n’est pas la moindre, la gestion des technologies de l’information pour surveiller la propagation du virus et faire respecter les mesures de confinement. Elles doivent être en mesure de choisir la technologie la plus appropriée en fonction de leur contexte local et des besoins de la population, tout en garantissant le respect des libertés fondamentales.
Cette question va au-delà de l’épidémie. En effet, de nombreuses voix s’élèvent déjà partout dans le monde pour mettre en garde contre la « société de la surveillance » qui menacerait notre droit à la vie privée.
Afin d’aider les autorités locales à mieux maîtriser ce nouvel environnement et échanger entre pairs, l’Efus a mis en place en 2018 un groupe de travail sur le thème Innovation & Technologie. Il a pour objectif de valoriser les opportunités que présentent les villes intelligentes et hyperconnectées pour améliorer la prévention de la délinquance et la sécurité urbaine. Il s’agit de partager des réflexions prospectives et des enseignements sur les stratégies innovantes dans les domaines social et technologique qui peuvent s’appliquer à la sécurité urbaine.


> Une série de webconférences sur les technologies et la sécurité urbaine

 

De plus, afin de promouvoir l’échange d’expériences entre pairs, l’Efus organise une série de webconférences sur l’utilisation des technologies pour la sécurité urbaine. La première, sur le thème de « L’Utilisation des nouvelles technologies pour contrôler la pandémie : la vie privée également victime du Covid 19 ? » a eu lieu le 26 mai.
La prochaine, sur le thème « Les technologies fondées sur l’intelligence artificielle appliquées à la sécurité urbaine : la police prédictive », sera diffusée en ligne le 25 juin à 11:00 CET. L’inscription est gratuite et ouverte ici. Nous espérons que vous serez nombreux à nous rejoindre


Pour plus d’informations, n’hésitez pas à contacter Pilar De La Torre delatorre@efus.eu ou Pauline Lesch lesch@efus.eu