Vie nocturne : des dispositifs innovants pour prévenir le harcèlement sexuel et assister les victimes

Septembre 2022 – Alors que les villes européennes renforcent et améliorent leur offre de vie nocturne pour les habitants et les visiteurs, conscientes qu’il s’agit d’un aspect important de leur attractivité et de l’économie locale, elles se trouvent également confrontées à de nouveaux défis de sécurité. Comment faire en sorte que la vie nocturne soit pacifique ? Comment réduire les risques et prévenir les comportements à risque ? Comment répondre aux attentes des noctambules tout en respectant le droit au repos des habitants ? Voici certaines des questions sur lesquelles travaille l’Efus, notamment au sein de son groupe de travail dédié et au travers de projets européens.  

Harcèlement sexuel : le dispositif Demandez Angela

Parmi ses activités récentes dans ce domaine, l’Efus a organisé le 15 septembre une webconférence sur le dispositif Demandez Angela par lequel des établissements de nuit (cafés, restaurants, bars, boîtes de nuit, etc.) offrent refuge et assistance à quiconque se sent en insécurité, vulnérable ou menacé. Les personnes peuvent discrètement demander de l’aide auprès du personnel en demandant « Angela ». Ce code indique que la personne a besoin d’aide et un membre du personnel dûment formé intervient, par exemple en appelant un ami, en trouvant un taxi ou en appelant le service de sécurité du lieu ou la police.

L’expérience de Bordeaux

Représentant la Ville de Bordeaux, Vanina Hallab, chargée de mission Prévention et coordinatrice du projet Bordeaux la Nuit, et Sarah Jegou, chargée de mission Égalité entre les Femmes et les Hommes à la mairie de Bordeaux, ont expliqué comment celle-ci avait déployé le dispositif Demandez Angela.

Il a dans un premier temps été testé dans un petit nombre de quartiers, de jour comme de nuit, alors que la ville préparait le déconfinement. La mairie avait décidé de mettre en place ce dispositif après avoir observé une montée du sentiment d’insécurité et le fait que les femmes et des groupes minoritaires évitent certains quartiers où ils se sentent peu en sécurité.

Environ 65 partenaires locaux

La mairie, au travers du projet Bordeaux la Nuit, a jusqu’à présent établi des accords avec environ 65 partenaires locaux, tels que des établissements de nuit, le système local de transport public, des associations, des commerçants, des clubs de sport et des musées. Lorsqu’ils s’associent au dispositif, ils doivent suivre une formation dispensée par la mairie sur le harcèlement sexuel et le soutien aux victimes. L’établissement reçoit le label Demandez Angela qu’il peut afficher à l’entrée ou tout autre endroit visible, indiquant ainsi que les personnes peuvent y trouver une assistance.

Difficile d’évaluer les résultats

Le dispositif a suscité beaucoup d’intérêt dans les médias locaux et la mairie de Bordeaux reçoit de nombreuses demandes d’information de la part d’institutions ou organisations de la société civile locales.

Vanina Hallab et Sarah Jegou ont expliqué que la gestion du dispositif demande du temps en interne, environ une demi-journée par semaine, mais qu’il apporte des bénéfices inquantifiables. « C’est un projet intéressant qui a du sens en termes de politiques publiques et aussi parce qu’il outille nos partenaires sur ces sujets du harcèlement et des violences sexuelles ».

Une des principales difficultés est l’évaluation du projet, parce qu’il n’y a (à ce jour) pas d’information permettant de savoir combien et qui l’utilise. La mairie a mis en place un système de retour avec les établissements partenaires, mais ceux-ci disent qu’à ce jour, personne n’y a eu recours. « Nos partenaires nous disent qu’ils ne sont pas sollicités mais que le dispositif leur permet d’anticiper les situations où il se passe quelque chose et d’intervenir de façon proactive », a expliqué Vanina Hallab. La mairie étudie comment améliorer l’évaluation du dispositif.

> Le compte-rendu de cette webconférence et une fiche technique seront très prochainement disponibles sur Efus Network

> Plus d’information sur le site web de la mairie de Bordeaux  

Le projet SHINE

À la suite de l’intervention de la Ville de Bordeaux, l’Efus a présenté les dernières avancées du projet SHINE mené par le Centre lituanien de Prévention de la Criminalité, dans lequel il est partenaire.

SHINE a pour objectif de favoriser une culture partagée parmi les acteurs de la nuit et de les équiper d’outils pour prévenir le harcèlement sexuel dans les lieux de nuit. Le projet est en train d’élaborer des séminaires / sessions de travail interactives et des supports d’aide pour les collectivités territoriales, leurs équipes techniques et les acteurs de la nuit. Le but est d’aider les collectivités à renforcer leurs actions de prévention et de réduction du harcèlement sexuel dans les établissements de nuit.

Cinq villes membres de l’Efus accueilleront des séminaires

Cinq villes membres de l’Efus – Louvain (BE), Erzsébetváros-7e arrondissement de Budapest (HU), Marseille (FR), Prato (IT), et Strasbourg (FR) – ont été sélectionnées pour accueillir et co-organiser ces séminaires. L’Efus animera les sessions en collaboration avec des experts spécialisés en prévention situationnelle, campagnes de sensibilisation, engagement des passants et soutien aux victimes.

Le travail mené au sein de SHINE est partagé avec les membres du groupe de travail de l’Efus sur la vie nocturne, qu’il coordonne conjointement avec la Plateforme de le Vie Nocturne (PVN), un partenaire de longue date. Créée en 2017 à Paris, la PVN réunit des élus et représentants de l’État français ainsi que des collectivités, organisations professionnelles, universitaires, experts et citoyens qui travaillent ensemble sur toutes les questions liées à la vie nocturne en ville, principalement en France mais aussi, de plus en plus, à l’échelle européenne.

> Plus d’information sur SHINE

> Suivez les activités du groupe de travail de l’Efus sur la vie nocturne sur Efus Network

> Plus d’information sur la Plateforme de la Vie nocturne