Conseils utiles pour créer une campagne de discours alternatifs : un webinaire LOUD

ddddParis, France, mai 2020 – Le projet LOUD (Young Leaders for Inclusion) a tenu le 22 avril son deuxième webinaire sur les campagnes de discours alternatifs, en tant qu’outils à disposition des autorités locales et régionales pour prévenir ou contrer la discrimination, avec une présentation de l’experte Maria Lozano sur les principaux aspects de telles campagnes. Ce webinaire a été suivi par 47 personnes.

Experte pour le projet LOUD, Maria Lozano est membre du comité directeur du Radicalisation Awareness Network (RAN) de l’Union européenne et experte auprès de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Elle a déjà collaboré avec l’Efus en tant qu’experte sur le projet Local Voices (« Stratégies locales de communication pour prévenir l’extrémisme »).


> Promouvoir des messages positifs et des modèles de comportement

Maria Lozano a commencé par expliquer qu’il existe différents moyens de contrer les discours intolérants, discriminatoires ou extrémistes : en préparant le public, notamment en développant la pensée critique ; en déstabilisant la propagande, par exemple en retirant ce type de contenus des médias en ligne ; en contrant les discours extrémistes avec des contre-discours qui révèlent les mensonges et les failles des organisations extrémistes, et en responsabilisant le public, notamment par des discours alternatifs qui promeuvent des messages positifs, les valeurs universelles et des modèles de comportement. Le séminaire était consacré à ce dernier point plus particulièrement.
Maria Lozano a ensuite listé une série de recommandations qui s’appliquent à tout type de campagne, qu’elle soit factuelle, humoristique, émotionnelle ou autre.


> Penser localement

Une campagne de discours alternatif doit être fondée sur le contexte local. Les extrémistes utilisent souvent les problématiques locales dans leur propagande. Celle-ci est d’autant plus puissante qu’elle répond aux préoccupations ou griefs des résidents d’une localité ou d’un quartier. Les autorités locales qui souhaitent promouvoir des messages alternatifs doivent donc aussi prendre en compte la situation particulière, les préoccupations et les aspirations des résidents locaux.


> Connaître son public local

Maria Lozano a insisté à plusieurs reprises sur l’importance de bien connaître son public avant, pendant et après une campagne. Il s’agit notamment de réunir des informations sur le profil social, économique et culturel du public cible avant d’élaborer sa campagne.
Il est tout aussi important d’associer des membres du public-cible à toutes les étapes de la campagne, par exemple en travaillant de façon collaborative avec les organisations de la société civile, les associations ou autres groupes représentatifs.


> Utiliser des messagers crédibles

Utiliser des messagers crédibles permet de maximiser l’impact de la campagne. Il s’agit de personnes avec lesquelles le public cible peut s’identifier, entre autres parce qu’elles ont des références culturelles similaires et qu’elles parlent le même langage. Il peut s’agir par exemple de victimes de crimes ou de discours de haine, ou bien d’anciens « haineux », ou encore de personalités et d’influenceurs, ou bien des leaders ou membres de la communauté locale, ou encore d’organisations/associations respectées.


> Appeler à agir

Une campagne doit déboucher sur un appel à agir, qui doit être exprimé par des verbes à l’impératif : Agissez maintenant ! Aidez-nous et donnez ! Portez-vous volontaires ! La campagne doit s’adresser directement au public avec des mots qui font appel aux émotions.
Il s’agit de donner un message fort et simple auquel le public peut facilement s’identifier. De plus, de tels appels à l’action donnent aux promoteurs de la campagne un outil très utile pour mesurer l’impact de celle-ci puisqu’ils peuvent suivre dans l’espace numérique ou hors ligne si ces appels ont été suivis d’effets.


> Tester la campagne régulièrement


Maria Lozano recommande de tester la campagne régulièrement, à toutes les étapes, c’est-à-dire de la conception à la diffusion et l’évaluation postérieure. Elle recommande également d’associer des représentants du public cible à ce processus.


> Prenez votre temps


Last but not least, ne vous précipitez pas et prenez votre temps ! Il vaut mieux consacrer plus de temps à préparer la campagne en recueillant des données sur le contexte local, en identifiant le public cible, en contactant les organisations locales de la société civile, et en identifiant les médias appropriés pour la diffusion plutôt que de faire les choses trop vite et de prendre le risque d’aboutir à une campagne faible et inefficace.


> Plus d’informations sur LOUD
> Regarder le webinaire (enregistré)
> Pendant sa présentation, Maria Lozano a mentionné quelques exemples de campagnes de discours alternatifs que vous pouvez voir en cliquant sur les liens ci-dessous :

  • The Doll Test sur l’impact des préjugés, de la discrimination et de la ségrégation raciale sur les enfants
  • La campagne “That Little Voice” de la Royal Bank of Canada qui appelle à dénoncer le racisme et la discrimination
  • Une campagne particulièrement forte et innovante d’Exit Deutschland contre l’extrême-droite : Trojan T-Shirt

> Les deux prochains webinaires LOUD seront diffusés en ligne les 20 mai et 24 juin. Pour vous inscrire (gratuitement), voir la page web LOUD (la même que plus haut).