Avril 2021 – La technologie peut-elle protéger nos espaces publics, qui sont par nature vulnérables au terrorisme en raison de leur caractère ouvert ? Cette question préoccupe de nombreuses collectivités soucieuses de protéger leurs places, lieux touristiques et autres « cibles vulnérables » ouvertes à tous, telles que les centres commerciaux, les écoles ou encore les transports publics. Dans le cadre du projet PRoTECT (Résilience publique en utilisant la technologie pour contrer le terrorisme), dans lequel il est partenaire, l’Efus a organisé une webconférence sur cette question, le 28 avril.
La rencontre a réuni quelque 75 représentants de villes européennes, de la police, des acteurs locaux de la sécurité, des entreprises de technologie et des acteurs nationaux, européens et internationaux. Il s’agissait de la troisième webconférence de la série organisée par l’Efus sur le rôle des autorités locales et régionales dans la protection des espaces publics et les outils qu’elles peuvent utiliser pour mieux répondre aux menaces terroristes.
Protection des événements ouverts au public : le cas de Tampere
Anniina Autero, Chef de Projet Senior à la Ville de Tampere (Finlande), a décrit le projet SURE (Smart Urban Security and Event Resilience), qui est financé par l’initiative de l’UE Actions Innovatrices Urbaines, et en quoi il aide la municipalité à améliorer la sécurité des événements publics. Cette ville compte 290 000 habitants et reçoit 4,3 millions de visiteurs par an.
SURE aide l’autorité locale et les promoteurs d’événements à planifier, anticiper et tester les différents éléments d’un événement afin que tout se passe bien. Les technologies de videosurveillance et de détection sensorielle sont utilisées sans aucune nuisance pour les habitants et dans le strict respect de la vie privée. Une approche systémique est utilisée qui comprend des mesures continuelles et une analyse des données sensorielles, lesquelles sont utilisées par les services d’urgence, la police, les pompiers, la direction de la circulation, etc.
Anniina Autero a évoqué les questions éthiques soulevées par la reconnaissance faciale et affirmé que Tampere utilise la technologie de détection sensorielle pour surveiller les mouvements généraux de la foule, plutôt que pour traquer des individus.
Réseaux hybrides
Jorge Donadeu Prieto, Directeur Senior UE & Institutions Internationales chez Airbus Secure Land Communications, a expliqué qu’une communication sûre est clé pour coordonner les actions de sécurité au sein des organisations et autorités et entre celles-ci. Notre société pressée demande une plus grande attention situationnelle et de la proactivité de la part des autorités, a-t-il dit. La Radiocommunication Mobile Privée et les Technologies de l’Information et de la Communication nous permettent de partager nos données avec les personnes de notre choix, de transférer des données de façon sûre, et d’améliorer la collaboration entre les autorités publiques.
Le concept des Réseaux Hybrides intègre plusieurs technologies pour créer une solution multimédia secure qui comprend la messagerie sécure, les appels vidéos protégés, le partage sécure de la localisation, et le chiffrement de bout-en-bout. Ceci permet de partager davantage, d’élargir les équipes, de collaborer de façon plus efficace et de mieux diriger les équipes de terrain.
Technologies de surveillance sensorielle
Dr Philo Daniel, Director Global pour la sécurité urbaine chez Smiths Detection, a présenté diverses technologies de surveillance sensorielle qui permettent de détecter les dangers/menaces pour la sécurité et la sûreté du public. Utilisée par la National Baseball Association (NBA) américaine, la technologie iCMORE Weapons offre une détection de pointe et un taux faible de fausses alertes à l’aide du deep learning (apprentissage profond) et de l’intelligence artificielle (IA), grâce à la collaboration avec les clients et les autorités de sécurité. BioFlash est un détecteur de bio-menace mobile et hautement sensible développé à l’origine pour contrer le terrorisme biologique. Il peut aussi être utilisé pour détecter des cas de Covid-19 dans des espaces fermés, ce qui peut contribuer à renforcer la sécurité réelle et perçue en cette période de crise sanitaire.
Principales conclusions
En conclusion de ces échanges sur les avantages, inconvénients et éventuelles ramifications éthiques de ces technologies, les participants à la webconférence sont convenus de quatre principes :
- Les performances des nouvelles technologies sont bien réelles, mais leur développement et déploiement doivent se faire de façon collaborative avec l’autorité locale ou l’organisation qui les utilisera.
- L’adoption d’une nouvelle technologie doit toujours être en réponse à un besoin réel, qui doit être confirmé par un audit de sécurité locale.
- La réglementation sur la protection des données (notamment le Règlement général de protection des données de l’UE, RGPD) et les questions éthiques doivent être soigneusement analysées lorsqu’on déploie une technologie.
- La transparence avec le public est essentielle non seulement pour des raisons éthiques mais aussi parce que dans le cas contraire, l’arrivée d’une nouvelle technologie (vidéosurveillance ou autre) peut générer de l’anxiété.
Réservez la date ! Le projet PRoTECT organise son événement final du 14 au 16 juin. Sous le titre « Combler les manquements de sécurité : comment aider les autorités locales et régionales à adopter une méthodologie complète pour identifier les vulnérabilités et évaluer les solutions », cette conférence comprendra trois sessions en ligne. Les inscriptions (gratuites) sont ouvertes ici.
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