Mesurer le sentiment d’insécurité, bien utiliser les drones… Retour sur nos récentes webconférences Sécurité & Innovation

Paris, France, février 2021 – Ces derniers mois, le groupe de travail Sécurité & Innovation de l’Efus a organisé trois webconférences sur l’innovation technologique et sociale dans le domaine de la sécurité urbaine. L’objectif était double : approfondir nos connaissances sur l’innovation dans ce domaine et discuter de certains aspects nouveaux des stratégies de prévention innovantes. Lors de la session sur les applications de signalement de la délinquance, nous avons étudié plus précisément un sujet que nous avions déjà abordé : la technologie civique. Cette première session a été suivie d’une conférence conjointe avec le groupe de travail sur la Vie nocturne de l’Efus, au cours de laquelle nous avons abordé les moyens à disposition des villes pour identifier et réduire le sentiment d’insécurité la nuit. Enfin, la dernière session était consacrée à un thème plus strictement technologique, de l’utilisation des drones en ville et les risques et opportunités qu’ils présentent.

Principaux enseignements de la série de webconférences

Le sentiment d’insécurité est important

Le thème de la perception de la sécurité et du sentiment d’insécurité est revenu dans les trois sessions. C’est un sujet complexe qui n’est pas toujours lié au taux de criminalité. Les réponses émotionnelles vont de l’anxiété situationnelle au choc et à la colère, en passant par la peur du crime. Afin de mieux les comprendre, il est important de savoir quels facteurs affectent quels groupes de population. Le sentiment d’insécurité a un impact sur le bien-être individuel et collectif, mais aussi sur le comportement économique et la façon dont nous utilisons les espaces publics.

Dans la session sur l’insécurité la nuit, les intervenants ont expliqué comment ils identifient et réduisent ce sentiment d’insécurité selon le contexte.

Elena Guidorzi d’Experientia, agence internationale de conseil spécialisée en expérience utilisateurs et partenaire du projet ToNite, a expliqué comment Experientia recueille des informations au travers de marches exploratoires, d’entretiens et d’un questionnaire en ligne. Parmi les facteurs qui influent sur le sentiment d’insécurité, figurent notamment la fréquentation et les caractéristiques physiques d’un lieu : le réseau local d’associations et la familiarité des répondants avec le lieu.  

Randy Bloeme, de l’institut DSP-Groep de recherche sur les politiques et l’innovation sociale, basé à Amsterdam, a expliqué qu’eux aussi font des marches exploratoires pour évaluer comment les résidents perçoivent la vie nocturne. Une autre méthode consiste à directement demander aux habitants quelles solutions ils souhaitent voir mises en place.

Dans le cadre du projet SHINE, l’Université de Vilnius fait une recherche sur le sentiment d’insécurité dans les lieux de nuit et la prévention du harcèlement sexuel. Elle a indiqué que les médias sont aussi une source intéressante d’information sur le sentiment d’insécurité.

La technologie pour réduire les menaces réelles et perçues

Les intervenants de la session sur les applis de signalement des délits ont présenté leur appli mobile d’aide aux victimes. RightsApp s’adresse aux citoyens européens qui sont victimes d’un crime ou délit dans tout pays de l’UE en leur fournissant des informations sur leurs droits qui sont faciles à comprendre et à utiliser.

L’application AppElles développée par l’association française Résonantes de lutte contre les violences à l’encontre des femmes et des filles permet aux utilisatrices, grâce à une technologie d’alerte sûre, d’avoir accès en temps réel à une liste d’organisations où trouver de l’aide. Le fait que cette information est facile d’accès est rassurant pour les utilisatrices.

Si l’information recueillie par ces applications peut être utilisée pour mieux cibler les réponses aux besoins des victimes, elles posent aussi un certain nombre de risques. Elles fournissent en effet un ensemble de perceptions subjectives et sont donc vulnérables aux biais.

L’utilisation des drones en zone urbaine

La troisième session du groupe de travail était consacrée à l’utilisation des drones en zone urbaine. Professeur au Centre de Design contre la criminalité de l’Université des Arts (University of the Arts) à Londres, Paul Ekblom a expliqué comment les drones peuvent être utilisés pour lutter contre la criminalité par la surveillance, la détection et la poursuite. Les drones peuvent aussi être une cible (on peut les voler ou les abattre) et même un outil pour les criminels. Garik Markarian et Andrew Staniforth, partenaires du projet européen DroneWise, ont développé ce dernier aspect en évoquant la prévention des menaces terroristes par le biais de drones hostiles.

Les collaborations pluridisciplinaires et le rôle des collectivités territoriales

Les autorités municipales sont des partenaires précieux pour leur expertise locale et leurs liens avec les associations et les dirigeants locaux. Elena Guidorzi d’Experientia a ainsi souligné comment la Ville de Turin a pu agir comme intermédiaire avec les habitants et les associations locales.  

La Ville de Turin s’intéresse également aux drones. Le service d’enquêtes technologiques de la police locale a une unité drones qui réalise divers types de mission de sécurité et de sûreté dans le contexte urbain. De nombreux acteurs sont impliqués outre la Ville de Turin : universités, autres villes, pays et forces de police en Europe, et entreprises privées. Cette unité dispose d’un site d’essais en intérieur et à l’extérieur où elle réalise des tests d’utilisation de drones dans différents contextes : rassemblements de masse, protection de l’environnement, numérisation de la ville, et traitement des zones qui risquent d’être contaminées par le virus du Covid-19.

Une troisième série de webconférences

L’objectif du groupe de travail est de recueillir des informations sur les nouvelles technologies, les outils et les expériences qui peuvent répondre aux besoins évolutifs des collectivités territoriales en matière de sécurité. Ainsi, nous présenterons prochainement les résultats du projet Cutting Crime Impact (CCI), où les partenaires ont utilisé des outils intéressants dans quatre domaines : police prédictive, police de proximité, prévention de la criminalité par l’urbanisme (Crime Prevention through Urban Design and Planning, CP-UDP), et mesure et réduction du sentiment d’insécurité.

Notre prochaine série de webconférences démarrera le 31 mars et couvrira les thèmes de la planification urbaine et du design et de la gestion des espaces publics. Le concept de sécurité par le design est un thème récurrent dans le débat sur la protection des espaces publics. Afin de débattre de son utilisation dans des contextes différents, à la fois pour lutter contre la petite délinquance et protéger les espaces publics des menaces terroristes, nous vous invitons à notre première session conjointe avec le projet PACTESUR mené par la Ville de Nice (France) et dans lequel l’Efus est partenaire. Les inscriptions sont ouvertes ici.

Nous nous réjouissons de vous retrouver prochainement pour nos webconférences et sur Efus Network.  

> Suivre les groupes de travail Vie nocturne et Sécurité & Innovation sur Efus Network
> Pour plus d’informations ou si vous souhaitez rejoindre un groupe de travail, merci de contacter Pilar De La Torre (delatorre@efus.eu) ou Pauline Lesch (lesch@efus.eu)

Laisser un commentaire