Gérer les catastrophes : les collectivités en première ligne 

Octobre 2024 – Les collectivités européennes sont de plus en plus appelées à exercer la lourde responsabilité de la prévention et de la gestion des conséquences locales de divers types de catastrophes et de crises liées au changement climatique, à l’augmentation de la cybercriminalité, aux menaces terroristes ou autre événement majeur tel que la pandémie de Covid. 

Un nombre croissant des 250 collectivités membres du Forum européen pour la sécurité urbaine (Efus) mentionne la gestion de crises comme l’une des priorités de leur politique de sécurité. Elles nous disent qu’elles recherchent une expertise, des pratiques inspirantes et des échanges directs avec leurs pairs sur la meilleure façon de protéger les citoyens et de mobiliser tous les acteurs concernés (protection civile, services d’urgence, etc.) pour une réponse local efficiente et bien coordonnée face à ces risques, aux côtés des organismes nationaux.  

Développer une culture du risque 

Cette préoccupation grandissante se reflète dans le fait que la gestion de crise a été un thème important de nos deux plus récentes conférences Sécurité, Démocratie et Villes à Nice (2021) et à Bruxelles (en mars dernier). À Bruxelles, deux sessions ont traité de cette question : Gestion de crise au niveau local, et Crises mondiales, impacts locaux : menaces pour la cohésion sociale et réponses des villes. La première a mis en lumière l’importance de la coordination, de la formation et d’une culture du risque au sein de la société civile et parmi les élus locaux. La seconde a insisté sur le rôle clé que jouent ces derniers et leurs équipes pour atténuer et réduire les tensions locales liées aux crises.  

L’Efus travaille sur la question de la gestion locale des crises et la résilience face aux catastrophes depuis environ une dizaine d’années. Il a été partenaire de plusieurs projets financés par l’Union européenne. Ainsi, le projet ALARM (2017-2021) a étudié comment améliorer la coopération entre les acteurs de la sécurité civile des deux côtés de la frontière entre la France et la Belgique. 

Plus récemment, RiskPACC (Intégration de la perception des risques et de l’action pour améliorer l’interaction entre la protection civile et les citoyens) (2021-2024), qui s’est conclu en août, a exploré comment réduire l’écart dans la perception du risque entre d’une part les citoyens et d’autre part les autorités de protection civile, ce qui permettra de renforcer la résilience des citoyens.  

L’Efus vient aussi de commencer à travailler avec les autres partenaires du projet SPARROW (Renforcer la résilience sociétale et la gestion de crise face aux pannes digitales de grande ampleur). Ce nouveau projet Horizon Europe de trois ans a pour objectif de développer des solutions et des technologies innovantes pour garantir la continuité des services essentiels et des infrastructures critiques et améliorer la coordination entre les différents acteurs lors de catastrophes naturelles, de cyber-attaques ou de pannes systémiques.  

Projets pilotes dans six collectivités 

Dans le projet RiskPACC, l’Efus et ses partenaires ont travaillé avec six collectivités européennes qui ont testé l’approche et les outils développés par le projet pour répondre à divers types de crise. Ainsi, Gdánsk (Pologne) a travaillé sur les risques d’inondation et comment associer les habitants. Heidelberg (Allemagne) a planché sur les risque de crue du fleuve Neckar. Kalamaria (Grèce) s’est concentrée sur la préparation aux tremblements de terre. Karlsruhe (Allemagne) a étudié les risques liés au climat et les stratégies de communication de crise. Setubal (Portugal) a réalisé des simulations de tremblement de terre pour tester les interactions entre les citoyens et les autorités de protection civile. Enfin, l’Unione della Romagna Faentina (Italie) a travaillé sur la préparation des volontaires et les risques d’inondation.  

Nouveaux outils technologiques 

Le projet RiskPACC a montré qu’alors que les crises deviennent plus complexes, les autorités de protection civile doivent s’équiper d’outils technologiques modernes pour améliorer la gestion des crises et la communication avec les citoyens. Les plateformes digitales, les systèmes d’alerte précoce et les outils de communication modernes développés dans le cadre de projets européens ou qui existent déjà dans certains pays, comme l’application Nina en Allemagne, jouent un rôle important pour améliorer la coordination entre citoyens et autorités dans la prévention et la gestion des crises. Ils facilitent la collecte et l’analyse rapides de données, ce qui permet aux autorités de protection civile de prévoir, de prévenir et de répondre plus efficacement aux urgences. En investissant dans ces technologies, les autorités locales peuvent renforcer la résilience et la préparation des habitants, et ainsi mieux les protéger contre divers types de risques. 

Les collectivités en première ligne 

Les projets européens sur lesquels l’Efus a travaillé ces derniers temps montrent que les autorités locales jouent un rôle clé dans la prévention et la réduction des risques, quelles que soient leur nature et leurs causes, et pour renforcer la résilience des citoyens. Le Forum européen pour la sécurité urbaine revendique depuis longtemps une meilleure reconnaissance de ce rôle. Dans notre manifeste Sécurité, Démocratie et Villes, nous appelons à ce que les élus locaux soient « pleinement reconnus comme acteurs en matière de sécurité civile et notamment dans la gestion de crise ».  Nous recommandons l’adoption d’une « approche intégrée qui rend les collectivités territoriales plus résilientes, en concertation étroite avec les autorités nationales et internationales ». De plus, les membres de l’Efus s’engagent dans ce manifeste à « promouvoir une culture partenariale » entre les acteurs publics, les services de secours, la société civile et les partenaires privés tels que les transports, les PME et les commerces, et à « réaffirmer le rôle du citoyen en qualité d’acteur pertinent en l’associant et en l’impliquant dans les mesures de prévention et de gestion des crises ».

Pour des partenariats locaux forts 

Favoriser des partenariats forts entre les secteurs public, privé et civil et reconnaître le rôle vital des autorités locales permet de rendre nos systèmes de prévention et de gestion des risques plus résilients et réactifs. Il est donc important de soutenir les autorités locales, qui se trouvent en première ligne, afin qu’elles puissent exercer leurs responsabilités aussi efficacement que possible. 

Une telle approche collective non seulement renforce la capacité à répondre aux crises actuelles mais aussi la résilience à long terme des habitants pour leur permettre de s’adapter et de se récupérer des crises à venir. Reconnaître l’importance des acteurs locaux et leur apporter le soutien dont ils ont besoin, dans un esprit de collaboration, contribue à garantir la sécurité et la résilience de nos villes et de nos régions. 

> Pour plus d’informations sur les activités de l’Efus dans ce domaine, voir notre section thématique qui renvoie vers les projets et les publications passés et en cours

> À lire aussi : l’interview avec notre expert Yves van de Vloet sur le projet ALARM et la protection des espaces publics contre les risques