Bruxelles, Belgique, juin 2022 – Partenaire du projet européen RiskPACC piloté par l’institut allemand de recherche appliquée Fraunhofer, qui vise à améliorer la communication entre agences de protection civile et citoyens, l’Efus a participé à un atelier de sensibilisation ainsi qu’à une réunion de coordination avec les autres partenaires du projet les 28-29 juin à Bruxelles (Belgique).
La conscience des risques et le niveau de préparation des autorités de protection civile et des citoyens sont essentiels pour renforcer la résilience individuelle et collective aux catastrophes, a fortiori dans un contexte de risques de plus en plus complexes et interconnectés. Cependant, partout en Europe, on constate des écarts entre la façon dont les autorités de protection civile d’une part et les citoyens d’autre part perçoivent les risques et identifient les actions à mener.
L’atelier de sensibilisation était destiné à présenter une analyse des pratiques en cours en Europe et des approches destinées à réduire de tels écarts (ce que le projet appelle le Risk Perception-Action Gap), dans le but de les partager et d’en débattre avec des représentants d’entreprises industrielles, des utilisateurs finaux, des citoyens, des fournisseurs de solutions, des universités ainsi que d’autres projets européens qui examinent la question de la perception des risques et des comportements.
Il s’agissait du premier d’une série de trois ateliers prévus dans le cadre du projet, avant celui de Berlin en juin 2023 et de Paris en décembre 2023, qui sera organisé par l’Efus. L’Efus est chargé de tester avec plusieurs villes de son réseau les solutions produites par RiskPACC. De plus, il contribuera à l’élaboration de recommandations qui puissent être utilisées partout en Europe pour réduire ces écarts entre autorités de protection civile et citoyens.
Dans le cadre de cette analyse de la perception des risques, l’Efus s’est entretenu avec le général François Vernoux, du Haut Comité Français pour la Défense Civile (HCFDC), sur la situation en France.
Constatez-vous, en France, des écarts entre la perception des risques par les autorités de protection civile et les citoyens, notamment à l’échelle locale ?
Général François Vernoux : Cela dépend. Les citoyens sont parfois inclus dans les Plans Communaux de Sauvegarde (PCS) mais pas toujours. Dans certaines villes, le PCS est inexistant ou de qualité insuffisante et les citoyens ne sont pas assez impliqués. Or il est
nécessaire de les sensibiliser pour qu’ils soient plus résilients en cas de crise. On a besoin d’avoir une population résiliente, qui a la capacité de se préparer et d’agir sans soutien de l’État.
Pour ce faire, il est nécessaire que les citoyens disposent d’informations sur la manière d’agir en cas de risque général ou spécifique. Ceci n’est pas encore suffisamment développé en France et il faudrait du courage politique pour y parvenir. Par exemple, lors de la campagne de vaccination contre le Covid-19, nous avons constaté que peu de gens savent ce qu’est une vaccination ou comment elle fonctionne, ce qui a posé problème non seulement en France mais également dans d’autres pays.
Quelles actions sont prises en France pour aider les communautés locales à se préparer à une crise ou une catastrophe ?
Il existe une cellule d’intervention de sécurité civile, la Réserve Communale de Sécurité Civile, à laquelle tout citoyen peut s’inscrire et peut dès lors aider les agents municipaux en cas de crise. Il s’agit d’un moyen formidable et efficace de former et de préparer les communautés aux risques naturels, mais il n’est pas toujours suffisamment organisé même si certaines municipalités font un excellent travail et sont une source d’inspiration pour les autres.
Quels dispositifs existent pour informer le public à l’échelle locale en France ?
Outre la Réserve Communale de Sécurité Civile dont je viens de parler, il existe le Document d’Information Communal sur les Risques Majeurs (DICRIM), qui précise le contenu et la forme des informations à porter à la connaissance du public. Ce document, réalisé par le maire, vise à informer les habitants de la commune et comprend les risques et leurs conséquences prévisibles, ainsi que les mesures de prévention, de protection et de sauvegarde à prendre face aux risques majeurs susceptibles d’affecter la commune.
Est-ce que la crise du Covid-19 a modifié votre façon d’envisager les risques ?
Ce n’est pas la première fois que la France et d’autres pays sont confrontés à une pandémie. En revanche, cette crise a mis en lumière la nécessité de mettre en place des plans et des politiques de gestion des risques durables. Lorsqu’un risque survient, de nouvelles mesures de prévention et de nouveaux plans de gestion des risques sont généralement pris ou bien les plans existants sont mis à jour en fonction des nouveaux risques, souvent complexes. J’estime que cette mise à jour devrait être une obligation légale.
J’espère qu’à l’avenir, nous serons en mesure de mieux informer les citoyens français afin d’avoir une communauté plus résiliente en cas de survenance d’un risque, et que la gestion des risques pourra devenir durable et régulièrement mise à jour à différents niveaux administratifs pour se préparer à des risques nouveaux et complexes.
> Plus d’informations sur le site du projet Risk PACC
> Lire aussi l’article que nous avons publié en septembre 2021