Varsovie, Pologne, 22 février 2022 – Comment les autorités locales peuvent-elles prévenir les discours de haine et la polarisation et de quel soutien de l’UE ont-elles besoin dans ce domaine ? Tel était le thème d’un débat public organisé par l’Union des métropoles polonaises, la Ville de Varsovie et l’Efus en présentiel à Varsovie et en ligne, le 22 février.
Cet événement avait lieu dans le cadre de la Conférence sur l’avenir de l’Europe (juin 2021 – mai 2022) destinée à recueillir les opinions et attentes des citoyens européens quant à l’Union européenne.
Partager les expériences et les pratiques pour bâtir une culture de sécurité commune
Les villes et régions européennes ont de grandes capacités de mobilisation des citoyens, de promotion de la solidarité et de la cohésion sociale, et de prévention et de réduction des discours de haine, de la polarisation et de l’extrémisme violent. En première ligne pour traiter les problèmes qui sont prioritaires pour les citoyens, elles représentent le niveau de gouvernance le mieux placé pour élaborer des politiques qui renforcent la sécurité quotidienne et réduisent les tensions sociales.
Cependant, les élus locaux notent des inégalités persistantes , une cohésion sociale affaiblie et une défiance croissante envers les institutions. Nombre d’entre eux jugent qu’il est plus que jamais nécessaire de partager les expériences et leurs pratiques et de travailler ensemble pour élaborer des recommandations concrètes dans le but de bâtir en Europe une culture commune de la sécurité.
« Les collectivités jouent un rôle clé lorsque la démocratie est attaquée »
Tous les intervenants* ont souligné le rôle clé que jouent les collectivités territoriales pour prévenir les discours de haine qui peuvent alimenter la polarisation et l’extrémisme violent.Le Vice-Président de l’Efus et Premier Maire Adjoint de Mannheim (DE), Christian Specht, a souligné que « la polarisation et l’extrémisme violent sont les plus visibles au niveau local » et que les acteurs locaux sont les mieux placés pour agir car ils sont « en contact direct avec les citoyens ».
Le Maire de Varsovie (PL), Rafał Trzaskowski, a relevé l’importance de la coopération avec les acteurs sur le terrain, notamment les ONG. « Les collectivités territoriales jouent un rôle clé lorsque la démocratie est attaquée. À Varsovie, nous soutenons les ONG qui luttent contre les discours de haine et nous enseignons la tolérance. Les autorités locales interviennent lorsque les gouvernements n’agissent pas », a-t-il dit.
Représentant la Ville de Budapest (HU), Benedek Javor a souligné que « les autorités locales, qui sont le dernier refuge pour réduire les discours de haine, doivent mener par l’exemple ».
La Maire de Gdansk (PL), Aleksandra Dulkiewicz, a aussi insisté sur le rôle exemplaire que doivent jouer les collectivités dans la lutte contre la haine et la polarisation. Elles ont des outils concrets pour ce faire, a-t-elle dit, notamment l’éducation. « Nous nous efforçons de montrer des exemples positifs de citoyens d’origine différente qui font tous partie de notre société. L’éducation est la clé pour devenir des citoyens ouverts d’esprit ».
Soutien de l’UE aux collectivités pour la prévention et la lutte contre les discours de haine
Un autre thème sur lequel tous les intervenants étaient d’accord était celui de la coopération multi-niveaux et du nécessaire soutien de l’UE envers les collectivités territoriales.
Le député européen et président de l’intergroupe parlementaire URBAN Jan Olbrycht a remarqué que les discours de haine se répandent sur les réseaux sociaux mais aussi dans la rue, et que les acteurs locaux ont besoin d’un soutien approprié et agile pour prévenir ceux-ci. « L’Efus, qui promeut une approche holistique de la sécurité urbaine, offre aux collectivités des façons innovantes de bénéficier d’un tel soutien, notamment au travers de programmes cofinancés par l’UE », a-t-il dit.
Bartłomiej Balcerzyk, chef du service Communication à la Représentation de la Commission européenne en Pologne, a observé que « la plupart des villes et régions ont des solutions innovantes en matière de prévention et de réduction des discours de haine ». Cependant, afin d’agir de façon coordonnée entre les différents niveaux de gouvernance, « nous devons harmoniser nos actions », a-t-il dit. Le fait que la Commission européenne ait annoncé en décembre qu’elle allait étendre la liste des infractions pénales de l’UE aux discours et crimes de haine va dans ce sens, a-t-il ajouté, parce que cela « donne une définition commune et prévoit des sanctions conjointes ».
> Regarder la vidéo du débat sur la chaine YouTube de l’Efus
> Plus d’information sur la polarisation dans notre récente publication BRIDGE – Comprendre et répondre à la polarisation au niveau local (Efus, 2021)