Paris, France, octobre 2020 – L’une des conséquences imprévues de la crise du Covid-19 est que le crime organisé a étendu son emprise dans les régions où il était déjà présent et s’est adapté à la situation en diversifiant ses opérations. Dans un rapport daté de juillet, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) signalait que « la pandémie a à la fois réduit certaines activités du crime organisé et présenté de nouvelles opportunités. Les groupes criminels organisés cherchent à augmenter leurs profits non seulement en infiltrant les entreprises privées mais aussi en détournant les fonds publics ».
Le même mois, un rapport d’Europol signalait que « les difficultés économiques et la récession peuvent mener à une plus grande réceptivité aux offres du crime organisé, davantage de corruption, des flux migratoires plus importants, une plus grande demande d’exploitation au travail et sexuelle, et une plus grande demande pour les biens contrefaits ou de mauvaise qualité. Les crimes contre la propriété peuvent réapparaître avec de nouvelles formes de fraude adaptées à la pandémie ».
Le groupe de travail de l’Efus sur le crime organisé
Tel est le contexte dans lequel le groupe de travail de l’Efus sur le crime organisé – établi en décembre 2019 et mené par les villes néerlandaises d’Amsterdam et de Rotterdam –
a tenu une session de travail consacrée à la question de comment combattre localement la présence de plus en plus importante des groupes criminels organisés dans la vie locale, le 23 septembre. Le séminaire a rassemblé des représentants de l’ANCI Piémont (IT), la Région Émilie-Romagne (IT), Lisbonne (PT), Stuttgart (DE), Vilvorde (BE), et les forums nationaux allemand (DEFUS), belge (FBPSU) et italien (FISU).
Les travaux ont porté sur les trois thèmes de travail sur lesquels le groupe entend se concentrer :
● le crime organisé dans les ports européens,
● le trafic des êtres humains,
● le crime organisé et l’économie légale.
En ce qui concerne le crime organisé dans les ports européens, les participants ont identifié les priorités suivantes :
> mieux défendre les intérêts des villes portuaires européennes en matière de sécurité à l’échelle de l’UE. Ils ont souligné la nécessité de mettre en place des mesures cohérentes dans toute l’UE et d’agir collectivement afin de donner plus de pouvoir aux villes portuaires lorsqu’elles traitent avec des multinationales telles que les compagnies maritimes.
> Échanger des pratiques, des stratégies et des connaissances. Ceci comprend la coopération dans la lutte contre la criminalité liée aux drogues dans les ports, renforcer les liens avec les villes dans les pays d’origine en Amérique latine et avec d’autres villes portuaires européennes, et sensibiliser les entreprises de gestion des ports pour améliorer la prévention.
> Identifier de nouveaux domaines de coopération, notamment au travers d’un partenariat avec un réseau de villes portuaires.
En ce qui concerne le trafic des êtres humains, les participants ont souligné l’importance des échanges entre villes, notamment pour mieux suivre les flux de trafic entre villes, ainsi qu’avec tous les acteurs locaux pertinents. L’Efus a rappelé qu’il avait créé il y a quelques années un réseau de villes membres sur la question des mineurs non-accompagnés et que l’on pourrait adopter une démarche similaire pour le trafic des êtres humains.
Le groupe a identifié les priorités suivantes :
> défendre les intérêts et les préoccupations des villes à l’échelle de l’UE,
> veiller à ce que les mesures répressives, en particulier contre l’immigration illégale, n’empêchent pas les victimes de contacter la police. De plus, les partenaires tels que la police doivent reconnaître les victimes d’exploitation criminelles comme telles et non pas les considérer comme des délinquants.
> Identifier de nouveaux domaines de coopération, tels que les actions contre les réseaux qui facilitent le trafic de professionnels du sexe en Europe.
En ce qui concerne l’impact du crime organisé sur l’économie légale qui, selon l’UNODC, s’est intensifié avec la crise du Covid-19, les participants ont discuté des moyens de renforcer les mesures prises à l’échelle nationale en combattant l’infiltration du crime organisé dans l’économie locale. Une approche promue de longue date par l’Italie, avec un certain succès, consiste à ce que les autorités locales confisquent ou recouvrent les avoirs mal acquis ou blanchis. Un autre aspect important consiste à sensibiliser les populations locales et à encourager les citoyens à signaler les activités illégales.
Le groupe a identifié les priorités suivantes :
> l’impact des flux d’argent illicite sur l’économie légale,
> les compétences locales permettant d’intervenir sur les flux d’argent illicite et les difficultés rencontrées pour ce faire,
> travailler ensemble à la définition des politiques et échanger les connaissances,
> partager les informations avec les collègues, s’accorder sur les aspects à défendre auprès de l’UE pour influer sur les politiques, et travailler avec des experts pour renforcer les connaissances.
> Le groupe de travail crime organisé se réunira en décembre 2020 et en mars 2021, en préparation de la conférence internationale « Sécurité, Démocratie et Villes » de l’Efus (26, 27 & 28 mai, Nice, France)
> Suivre le groupe de travail sur Efus Network