Werner Van Herle
Responsable du service prévention et sécurité, Ville de Malines (Belgique)
Werner Van Herle est diplômé en Criminologie de l’Université de Bruxelles et travaille depuis 1998 dans le domaine de la prévention et des politiques de sécurité urbaines. Il a commencé sa carrière au ministère de l’Intérieur (Belgique) où il accompagné les autorités locales dans le développement de leur politique de prévention. Depuis 2002, il est responsable du département de prévention et de sûreté publique de Malines. Cette ville est très orientée sur la cohésion sociale, l’inclusivité et la prévention sociale. Elle a pour objectif de construire une communauté locale forte face à la polarisation et la discrimination. Malines a aussi des problèmes de sécurité spécifiques tels que les vols, la consommation de drogue, les violences des jeunes et le harcèlement de rue et elle expérimente des solutions innovantes aux nouveaux défis urbains tels que les discours de haine en ligne, la criminalité organisée et l’extrémisme.
Avez-vous des espoirs et des prédictions pour l’avenir de la sécurité urbaine ?
Globalement, la population urbaine va augmenter. Cela veut dire que la même superficie (km2) sera partagée par davantage de gens, ce qui va créer des tensions énormes dans plusieurs domaines (logement, équipements publics partagés, éducation, mobilité, environnement propre et sûr, etc.). Les villes seront très diverses et outre la liberté et le respect pour (ou entre) chaque individu, elles devront offrir un lieu sûr et sain pour tout le monde. Tous ces domaines peuvent affecter la sécurité urbaine, mais cela ne veut pas dire que toutes les politiques (santé, logement, mobilité, etc.) doivent être conçue à partir du point de vue de la « sécurité ». Le risque est de vouloir tout contrôler. Les politiques de sécurité urbaine de l’avenir chercheront, on l’espère, à instaurer la confiance au sein de et entre les communautés locales et favoriseront une citoyenneté individuelle (droits et obligations réciproques).
Pourquoi pensez-vous qu’il est si important de faire participer les citoyens aux pratiques de sécurité urbaine ?
Parce que les citoyens sont les acteurs les plus importants de la pratique de sécurité urbaine. La sécurité urbaine est davantage que l’analyse stratégique du crime ou le fait de donner la priorité à certains problèmes de criminalité (par exemple le fort impact des délits) d’un point de vue organisationnel (capacité restreinte). Les sentiments quotidiens d’insécurité ne peuvent être mis à jour que si tous les citoyens (ou bien leurs représentants) sont impliqués. Cette perspective considère la sécurité urbaine non pas comme une affaire qui relève seulement de la police ou du système pénal mais aussi de nombreux autres acteurs (professionnels ou non). L’implication signifie aussi entrer en dialogue avec des groupes vulnérables. Écouter les voix des citoyens et les inclure dans les processus de prise de décision va nécessairement créer une base de soutien aux plans de sécurité urbaine, aux solutions, et donc à la pratique et au (respect pour le) praticien.